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Un dernier orage d'été

Giovanni CazzatiMessages : 10
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Giovanni Cazzati
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MessageSujet: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMar 1 Sep - 15:49

ft. Giovanni Cazzati

ft. Auxallys Kinreii

「 Un dernier orage d'été 」

En ce moment il n'y a pas trop d'activités dans le campement des Strike Force. La ville elle aussi est très calme. Pas un bruit, pas un seul pas ne résonne, ni même personne n'ose gémir d'ennui quelque part, au fin fond de son trou miséreux. Non, Akashiki n'a plus grand chose d'une ville. C'est devenu un immense dépotoir déserté par tous. La solitude et le désespoir semble être devenu l'unique maître des lieux. Cette absurde guerre de clans n'aura finalement servis à rien, c'est le vide qui l'aura remporté. Aujourd'hui, il ne reste plus rien des enchantements d'hier. Aujourd'hui Akashiki ne respire plus, ou du moins c'est ce que l'on pourrait penser à première vue. Mais les enfants perdus sont bel et bien encore là, tapis dans un coin, attendant patiemment l'avenue de quelque chose depuis longtemps perdu, de quelque chose de refouler en eux : l'espoir.

L'espoir, voilà quelque chose de bien ridicule à mes yeux, puisque je vis enfin la plus merveilleuse des vies ! Oui je suis heureux dans ce monde mort. Tous les matins je sors du campement et enterre ceux qui n'ont pas survécu à la nuit. Ce travail morbide et difficile me plaît. Je vous vois venir avec votre jugement et vos à priori douteux sur ma personne mais que voulez vous, il nous faut quelque chose pour se raccrocher à la vie, au risque de finir comme toutes ces âmes en peine qui errent placidement dans les rues crasseuses. Certains se vouent à une passion comme l'art, le sport, la danse que sais je encore. Moi ma passion c'est l'inhumation, les enterrements, les rites funéraires. Pour autant je ne suis pas quelqu'un de « sombre » et je tiens à la vie. Il faut bien que quelqu'un fasse ce métier dans cette ville et je m'y suis porté garant. Plutôt que de le faire en bronchant ou avec dégoût, je m'y suis voué corps et âmes. Je suis le fossoyeur d'Akashiki.

Bien évidemment ma profession et la satisfaction qu'elle me procure sont assez mal vu parmi les Strike Force, le groupe auquel j'appartiens. On dit de moi que je porte la poisse, que je sens le mort, que je n'éprouve pas de sentiments. Il est vrai que j'ai tellement enterré d'enfants que désormais je suis un peu moins sensible, la mort est devenue banale, quotidienne, routinière. Seulement ils sont bien contents que les cadavres et ce qui va avec ne pullulent pas dans le Quartier Ouest. Ils me donnent si peu de reconnaissances. Mais je ne m'en plains pas, c'est pas comme si j'étais victimisé toute la journée. Je suis juste un peu reclus parmi les Strike Force. Peu de personnes viennent me rendre visite dans mon cabanon, ou alors c'est pour me demander de faire le boulot. Alors sans dire un mot, je prends ma pelle et j'y vais, je m'attèle à cette tâche rude. Elle fait travailler mes mains, mon corps et mon esprit. C'est un travail parfait, c'est ce dont j'ai toujours voulu. Je peux le dire sans orgueil, je suis devenu quelqu'un de fort.

J'ai beau être un peu reclus, je ne vis pas non plus replié sur moi même. Lorsque le soir les enfants que nous sommes se réunissent autour d'un feu pour discuter et tâcher de garder le sourire dans l'adversité, je suis également présent. Seulement personne ne m'adresse la parole. Alors je me contente d'écouter ce que les autres se disent. J'aime beaucoup faire cela, être là et s'immerger dans la voix et le bruit des autres, ça aide à trouver le silence en nous. Je suis resté seul et silencieux jusqu'à ce que le feu s'éteigne, les gens se sont dispersés, le silence en est devenu assourdissant. Je regardais les derniers instants des braises encore chaude, leur crépitement douloureux paraissait comme le râle d'un animal sur le point de pousser son dernier soupir. Puis je sentis comme des yeux rouges se posaient sur moi, de petits yeux rouges pétillants dans la nuit. Puis un mouvement dans le vent et ils n'étaient plus là. Ce devait-être une fillette ou bien une hallucination. Souvent, j'ai l'impression de voir l'image de ma regretté sœur qui se fond dans l'obscurité, elle disparaît dès que je la regarde. Ma petite sœur avait des yeux rouges similaires.

Le lendemain matin, comme à mon habitude, je suis partis pour faire ma ronde de fossoyeur. Ma fidèle pelle dans la main et ma capuche sur la tête, mon regard fixé sur le bout de mes souliers, une mélodie nostalgique dans la tête, je chemine calmement vers la sortie du camp. L'étrange sensation de me faire fixer par des yeux rouges, la même qu'hier soir, se fait à nouveau sentir. A 10 mètres de la sortie du camp je me retourne, deux fillettes me suivent. L'une a les cheveux d'une rousseur éclatante et des yeux rouges pétillants comme ceux de la veille, l'autre se cache timidement derrière elle.

Cette fille... aux yeux rouges... elle ressemble à ma sœur...

Nous restons ainsi plusieurs secondes face à l'autre, se scrutant méticuleusement. Les souvenirs douloureux de ma sœur se répandent comme une pluie torrentielle dans mon esprit aride. Pendant quelques instants j'ai l'air décontenancé face à cette fillette qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Puis je me reprends et mon visage redevient neutre et livide. Sur un ton neutre et calme, légèrement blasé, je leur demande :

« Que voulez vous ? »

Un vent froid s'immisce entre nous et fait se décoller quelques unes de mes mèches sans panache. Les nuages obscurcissent le ciel, il y a peu de luminosité. La journée promet d'être orageuse. Le dernier orage d'été approche bientôt.
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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMer 2 Sep - 23:57

Un dernier orage d'été


« Searchin' for friends ♪ »



Hey... pourquoi les choses doivent-elles être ainsi ? Ne pourrions-nous pas simplement être amies ? Tout est toujours si compliqué... tu dois me haïr à présent, n’est-ce pas ? Pourtant, j’aurais aimé que... juste pour cette fois, ce ne soit pas le cas. Juste pour cette fois, que me pardonnes. Juste pour cette fois...

... P-pourquoi tu fais ça ? Pourquoi me tends-tu encore la main, après tout ce que j’ai fait ? Je ne te comprends pas... ça n’a aucun sens, je ne sais même pas qui tu es. J’ignore même jusqu’à ton nom. Je suis vraiment une amie pitoyable, pas vrai ? Alors, arrête. S’il te plait. Si tu continues, je vais... j-je vais... *snif*
* * * * *

Aujourd’hui encore, le soleil se levait sur Akashiki. Les rayons de l’astre solaire caressant sa chevelure rougeoyante à travers la fenêtre, la petite Auxallys émergeait peu à peu de sa torpeur matinale. Elle grimaça tout d’abord, enfouissant son visage dans ses bras, puis se résigna, frottant ses petits yeux pour s’habituer à la luminosité.

« Ru’... debout... »

Encore dans la brume, la petite rouquine secoua son amie qui dormait paisiblement sur le matelas à côté d’elle. Celle-ci ne réagissant pas aux faibles tentatives, elle finit par abandonner et se laisser tomber dessus. Ce qui ne perturba en rien le sommeil de plomb de cette dernière...

« Ruuuuuuuuuu, lève toi, j’ai faiiiiiim... en plus y’a des pancakes aujourd’hui, faut se dépêcher sinon y’en aura plus, alleeeeeeez... »

Tandis qu’elle martelait mollement des poings sur le dos de la violine, son estomac commençait à crier famine en entendant le mot ‘‘pancake’’. Et ce n’était même pas un mensonge pour la tirer du lit, en plus ! Il y avait une boulangerie dans le quartier ouest, elle était assez populaire au près des Strike Force, et Auxallys y allait souvent pour gratter quelques petits-déjeunés gratuits. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle était au courant du menu à carte. Ce n’était plus possible de produire de tout pour tout le monde depuis la disparition des adultes, alors les stocks étaient limités. La rouquine était souvent des premiers clients de la journée, donc elle n’avait jamais eut ce problème, mais si elles trainaient trop à se lever... Un frisson d’horreur la parcouru à cette pensée. Elles risquaient la famine, même pire encore ! Son instinct de survie prenant le relais, la rouquine redoubla d’efforts pour secouer son amie, qui ouvrit enfin les yeux en lui marmonnant qu’elle avait compris et que ce n’était plus la peine de la malmener – ce qui ne l’empêcha pas de continuer encore quelques minutes, si elle se rendormait c’était la faim !... euh, la fin !

... Ahem. Une dizaine de minutes plus tard, les deux jeunes filles étaient dans la rue, en route pour la boulangerie. C’était tout près, à quelques rues d’ici. La chance était avec elles ce matin, car elles purent manger la dernière fournée. Ah, des bons pancakes encore chauds... Auxallys ne se gêna pas pour mordre un gros morceau de sa part à peine obtenue, remerciant les boulangers – ou du moins essayant, c’est pas facile la bouche pleine – aussi chaleureusement qu’à son habitude. Runa elle montra d’avantage de retenue, gênée par le comportement de sa partenaire. C’est vrai qu’Auxallys pouvait se montrer indisciplinée et insolente, mais personne ne lui en tenait rigueur. Quelque part, elle l’enviait... avoir autant d’amis, de personnes attentionnées à son égard... c’était tout ce dont elle avait toujours rêvé.

« Un problème, Ru-chan ?
- ... Ah, n-non. J’étais dans mes pensées, s’excusa-t-elle en rougissant légèrement.
- Je vois. N’hésite pas à revenir, même si tu n’es pas d’ici. C’est toujours un plaisir de voir les gens sourire en mangeant nos viennoiseries. »

Le garçon lui sourit puis lui fit un signe de la main avant de s’en retourner à son travail. La jeune fille elle fit une courbette et s’éclipsa, rejoignant la rouquine qui elle était déjà loin et lui faisait de grands signes de la main et lui criant de se dépêcher. Toujours incapable de tenir en place... ce ne serait pas de tout repos de voyager avec elle. Mais c’était plus vivant et amusant que tout ce qu’elle avait vécu depuis de longues années. Au fond, elle savait qu’elle ne pourrait jamais regretter de l’avoir choisie.

La journée se prolongea, toute aussi folle et survoltée que la matinée. La ville était très calme, c’était comme si elles avaient le quartier pour elles toutes seules. Avec les autres enfants du camp, elles ne cessèrent de s’amuser jusqu’au coucher du soleil, où tous mangèrent ensemble autour d’un feu de camp en se racontant des histoires. Auxallys n’était pas très douée pour raconter, mais elle adorait écouter. C’était peut-être une façon de rattraper le temps qu’elle avait perdu pendant son enfance... qui sait ? Ici, elle avait des amis, des personnes avec qui rire et jouer. Certes, il y en avait beaucoup qui ne l’aimaient pas aussi, mais ce n’était pas important pour elle. Même si elle vagabondait beaucoup à travers la ville, cet endroit était pour elle un vrai refuge, un chez-elle. Une famille pour l’accueillir quand elle rentrait. Et sans s’en rendre compte, Runa commençait à s’intégrer, à faire partie de cette grande famille. Grâce à Auxallys... elle ne faisait rien de particulier pourtant, on pourrait presque dire qu’elle la trainait, comme un enfant traine sa peluche partout où il va. Pourtant, malgré sa timidité, elle ne se sentait pas laissée à l’écart. Les autres enfants lui parlaient, faisaient connaissance, jouaient avec elle aussi. C’était étrange, si différent de ce qu’elle avait connu jusque là. Mais ce n’était pas déplaisant... c’était même tout le contraire. Elle se sentait enfin vivre.

La soirée s’étira jusque tard, aux alentours de 22 heures. Peu à peu, les groupes se dispersèrent, les jeunes allaient se coucher, quelques plus âgés allaient faire leur ronde de nuit, d’autres s’occupaient à leurs fonctions. Les deux jeunes filles aussi ne tardèrent pas quitter la ronde, allant prendre une douche avant de se préparer à dormir. Après être sortie et séchée, Auxallys tomba sur un membre qui lui demanda d’aller chercher un enfant qui trainait encore dehors. Lorsqu’elle sortit, elle vit qu’il garçon était resté seule près du feu. Il était bizarre, son aura semblait emplie d’une sorte de profonde mélancolie... mais comme elle ne trouvait pas sa cible, elle rentra pour aller vérifier ailleurs. Finalement, il était rentré tout seul pendant qu’elle le cherchait. Après cela, elle rejoignit Runa dans les dortoirs et s’endormit presque aussitôt.

* * * * *

Le lendemain, le réveil fut tout aussi difficile que la veille... mais sans pancakes pour motiver son esprit combattif, la rouquine dut se faire violence pour tirer sa partenaire du lit. Ruru dormait comme une marmotte, c’était pas un réveil qu’il lui fallait mais une enclume ! Toutes deux parvinrent malgré tout à sortir du lit après une petite grasse matinée, et se préparèrent pour une nouvelle sortie. La violine trainait un peu la patte, baillant de temps à autres alors qu’elle suivait sa partenaire débordant déjà d’énergie. Aujourd’hui, une mission un peu spéciale avait été confiée aux membres de Strike Force : une campagne de recrutement ! Pour tout dire, le groupe avait subit des pertes récemment, puis les activités s’étaient un peu calmées. C’était donc le bon moment pour aller voir si de jeunes talents inexploités trainaient encore dans les rues d’Akashiki. Et puis, la vraie raison derrière – faut pas dire c’est un secret, tu répèteras pas hein ? – c’était qu’ils faisaient la même chose chez les Royal Guard. Ca, Auxallys le savait déjà, mais ce n’était pas elle qui avait rapporté l’information... bah, elle n’était pas vraiment espionne, juste assassin, bien que ses activités puissent laisser penser le contraire. Et puis elle s’en fichait pas mal de cette guerre de clans, alors... enfin bref.

Ainsi donc, les deux jeunes filles quittaient la base joyeusement, la rouquine chantonnant un refrain entêtant et sa compagne fredonnant timidement pour l’accompagner. Elles n’avaient pas d’objectifs en particulier, il s’agissait juste de trouver des gens et devenir leurs amis, c’était pas bien compliqué ! – enfin ça, c’était ce qu’avait interprété Auxallys. C’est donc avec cette joyeuse idée en tête qu’elle menait la marche vers... peu importe, pourvu qu’on s’y amuse ! Seulement, après quelques mètres, un silhouette familière attira son attention. C’était le garçon d’hier soir ça, non ? Curieuse, elle décida de le suivre, mais celui-ci sembla sentir sa présence et stoppa, avant se retourna vers elle. Repérée, la rouquine pila à son tour et le regarda dans les yeux, une expression de surprise au visage.

« Que voulez vous ?
- Des amis ! Tu veux être notre ami, onii-chan ? »

Elle avait répondu spontanément, sans même se soucier du fait que le recruter n’était pas nécessaire, étant donné qu’il était déjà au camp hier. Runa elle restait un peu en retrait, un peu intimidée par le regard froid du garçon. Elle essayait de ne pas trop se cacher derrière Auxallys, mais c’était encore un peu difficile pour elle de faire face à des inconnus. Un vent frais souffla, installant un silence entre les deux partis, mais celui-ci vola bien vite en éclat d’un simple geste de la rouquine.

« Dis, c’est quoi la pelle dans que tu portes ? Elle est jolie, c’est pour creuser des trous ? »

A vrai dire, la jeune fille ne savait pas trop à quoi pouvait servir cet étrange outil, mais ses yeux pétillaient d’intérêt en la fixant. Sauf que creuser des trous, ça servait à rien... peut-être que c’était pour tendre des pièges aux méchants, comme dans les dessins animés ? Ca serait vraiment cool, elle voulait apprendre à le faire aussi !


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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyVen 4 Sep - 22:36

ft. Giovanni Cazzati

ft. Auxallys Kinreii

「 Un dernier orage d'été 」
Des amis ? Ça m'a l'air d'être une fillette assez extrovertie... contrairement à l'autre. Ne disant rien, un majestueux silence finit par s'installer. Ces filles ne m'intéressent pas et puis je suis pas là pour faire de la garderie donc j'ai qu'à repartir en les ignorant, simplement. Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit la jeune fille rousse m'adresse de nouveau la parole. C'est à propos de ma fidèle camarade : ma pelle. Je lui avais donné un nom mais je préfère le garder secret, j'ai peur qu'on ne me prenne pour encore plus fou que ce que je suis. Quoi qu'il en soit, ça fait déjà 3 questions sur le compte de la rousse, ce serait vraiment malpoli et désobligeant de ne pas lui répondre. Je la regarde plus attentivement. Elle est jolie et a l'air pleine d'énergie, elle ne semble n'être absolument pas une menace bien que les apparences soient parfois trompeuses. Le fait qu'elle ressemble à ma défunte sœur me perturbe au plus haut point et j'ai dû mal à garder ma nonchalance naturelle. Je ne parviens pas à trouver les mots et je bégaie stupidement. Une petite fille est entrain de m'embarrasser...

« Je euh... euh... (je me racle la gorge en regardant le sol poussiéreux puis relève la tête vers elle) Tu m'as appelé Onii-chan ? »

C'est tout ce dont j'ai été capable d'articuler à son encontre. Mon attitude envers les enfants est toujours assez pathétique comme lorsque je m'occupais des malades à l'hôpital. Mais alors avec cette fille, ça n'a jamais été aussi pire ! Je suis extrêmement mal à l'aise. Pourquoi ressemble t-elle autant à ma sœur ? Ma torpeur atteint bientôt son paroxysme lorsqu'une grande tape dans le dos vient me réveiller de ma crise d'angoisse.

« Bah alors Giovanni ? C'est rare de te voir discuter avec des gens du camp ! Surtout des enfants ! Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu t'es enfin décidé à sortir de ta bulle ? »

C'est le type qui m'avait recruté chez les Strike Force. Quel est son nom déjà... Je me souviens de notre duel qui était alors l'épreuve pour mon admission, je l'avais blessé aux côtes. Il n'a pas l'air de m'en en vouloir. Il est souriant et commence à m'ébouriffer les cheveux avec sa main, de l'autre il continue à me donner des tapes dans le dos. Impossible pour moi de lui répondre, je suis actuellement en pleine crise de toux par sa faute...

« Haha sacré Giovanni ! Toujours incapable de tenir une conversation avec les autres ? Ahah. Tu sais quoi ? Je vais t'aider un peu à te socialiser ! Tu vois les deux nenettes avec qui t'étais entrain de paniquer ? Bah la rousse là c'est Auxallys ! Et la fille derrière elle c'est  Ru-chan ! (s'adressant à Auxallys et Ru) Et lui là c'est Giovanni ! Vous devriez aller faire un petit tour ensemble, vous êtes des filles super cool et Giogio il a pas l'air comme ça mais c'est un mec sympa dans le fond ! Puis d'ailleurs c'est pas un conseil c'est un ordre na ! En tant que supé... »

Je l'interromps :

« Tu n'es pas mon supérieur... »

« Ouai techniquement mais en vrai on sait tous que tu vas bien m'obéir sinon je me venge de la dernière fois où tu m'as fait mal avec ta pepelle ! Je n'ai toujours pas eu l'occasion de te le faire payer ahah, donc si tu tiens à ton intégrité physique je te conseille fortement d'obtempérer ! Va faire une ronde avec ces demoiselles. »

Il dit ça sur le ton de la plaisanterie mais je le sais sérieux. Sur un ton sarcastique empreint de fatigue je lui rétorque :

« Oui chef... »

« Eh bah voilà ! Si ce n'est pas merveilleux ! Un petit Giovanni qui prend son envol ! Enfin bref, je vous aurai bien accompagné faire une ronde mais on a besoin de moi pour autre chose don bon... Désolé ! Je vous le laisse les filles ! Le martyrisez pas trop ! Il a tendance à être grincheux, il râle dans sa barbe, même s'il en a pas, c'est un parfait imberbe ! Ahah (nouvelles tapes dans le dos, puis il me dit à voix basse mais suffisamment fort pour que certains mots puissent s'échapper : ) Et puis c'est un beau petit lot que t'as là, elles sont jeunes mais il y a moyen de les amadouer je suis sûr ! (petit clin d'œil cocasse qui ferait passer DSK pour un bonze) »

Et il s'en va, fière et heureux comme à son habitude. Dans ma tête je ne peux m'empêcher de penser que ce type est un peu toqué du bulbe... peut-être à cause des coups que je lui ai donné ? Enfin bref, donc je dois faire ma ronde avec ces deux filles ? Je reporte mon attention sur elles. Elles ont l'air encore un peu déconcerté par l'apparition de l'hurluberlu. Finalement je brise la glace de ma voix lancinante et monotone :

« Ne faites pas attention à lui, il est pas comme nous. Et la pelle c'est pour enterrer ceux qui sont morts. »

Je commence à partir devant. Le vent est faible et l'air lourd. Quelques Strike Force végétatifs nous regardent. Je n'ai pas l'impression que ces deux filles me suivent. Tout en continuant à marcher et sans me retourner je leur dis :

« Vous venez ? »


HRP : J'écris en #663399
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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMar 8 Sep - 22:47

Un dernier orage d'été


« Yay ! Une ronde avec onii-chan ~ ♪ »



Onii-chan était tout cassé, il parlait comme une vieille radio, Auxallys ne comprenait rien de ce qu’il disait. Elle le fixait avec de grands yeux, ne sachant pas trop comment réagir. Il fuyait son regard et n’arrivait pas à assembler plus de deux mots dans une phrase. Est-ce qu’il était gêné par sa question ? Il faut dire, la rouquine ne ménageait pas vraiment la timidité des garçons, elle ne comprenait pas pourquoi ils devenaient tout bizarres avec elle. Mais c’était amusant, elle pouvait leur demander n’importe quoi et avoir plein de cadeaux ! Bon, elle s’en servait surtout pour se faire offrir à manger où avoir de la compagnie, c’était un moindre mal. Et puis, elle n’avait aucunement conscience d’être une vile manipulatrice, elle n’était pas une méchante ! En tout cas, onii-chan avait l’air d’être dans le même état, alors elle devait l’aider. Mais pour cela, il fallait qu’il parle, et apparemment, ce n’était pas gagné...

« Tu m'as appelé Onii-chan ?
... ? »

A peine avait-elle décollé, un nouveau silence plomba la conversation. Auxallys hocha la tête sur le côté, montrant son incompréhension à la question du jeune homme. Il était un onii-chan, donc elle l’avait appelé onii-chan. C’était aussi naturel pour la rouquine que d’appeler une chaise ‘‘chaise’’, elle n’allait pas l’appeler ‘‘truc en bois à quatre pattes qu’on s’assoie dessus’’ ! Surtout que ce serait discriminant pour les chaises en métal, et... enfin passons.

Bref, alors que le dialogue semblait définitivement perdu, une autre personne fit irruption dans le groupe, au moyen d’une bonne tape dans le dos du garçon qui manqua presque de le mettre à terre. Apparemment, les deux se connaissaient... ils étaient amis ? Plutôt brute et souffre-douleur, à les regarder ainsi. Il l’attrapa et se mit à parler avec des mots compliqués, pendant que l’autre restait bloqué en pleine crise de toux. Sa tête disait quelque chose à la fillette, il devait être du camp lui aussi. Au début, elle pensait qu’il voulait juste l’embêter, mais il se mit en tête de les présenter. Auxallys fit un petit sourire à l’objectif quand elle entendit son nom, tandis que Runa elle se faisait toute petite derrière son amie, comme si elle se sentait de trop. Et donc, le onii-chan tout timide s’appelait Giovanni. C’était bizarre comme nom, ça fait méchant de bande dessinée, mais elle aimait bien. Après cela, il proposa d’aller faire une promenade ensemble. La rouquine n’était pas contre, c’était ce qui était prévu avant qu’il intervienne de toute façon... mais Giogio, il n’avait pas l’air enchanté par l’idée. Les choses allaient être difficiles, s’il était aussi peu motivé... Cependant, les négociations ne furent pas longues avant qu’il n’accepte, un peu sous la contrainte malgré tout. Fier de sa victoire, l’autre recommença à dire des choses bizarres que la rouquine ne comprit qu’à moitié. Après avoir encore mouliné l’air pendant quelques minutes, il déclara qu’il avait du travail et s’en retourna à ses occupations. Les revoilà de nouveau tous les trois, silencieux au milieu de la rue.

« Ne faites pas attention à lui, il est pas comme nous. Et la pelle c'est pour enterrer ceux qui sont morts. »

Ceux qui sont morts ? Un instant, la jeune fille resta songeuse, perdue dans ses pensées. C’était lui qui enterrait les gens, ici ? Elle repensa à ce massacre, cette bataille sanglante du centre ville, où tant de ceux qu’elle aimait avaient perdu la vie. C’était un souvenir douloureux, enfouis au fond de son cœur, pour qu’elle ne puisse jamais l’oublier. Elle n’avait jamais su ce qui était arrivé à leurs corps... quand elle était revenu, des semaines plus tard, il n’y restait plus rien. Que des cendres. Comme sa maman, aussi. On l’avait mise dans une urne qu’elle avait apportée au temple pour prier que les dieux prennent soin d’elle dans l’au-delà.

Soudain, quelque chose dans sa main la tira vers la réalité. C’était Runa qui avait remarqué son absence et s’inquiétait. Giovanni aussi, il voulait qu’elles le suivent. Sans lâcher la main de sa partenaire, Auxallys couru rejoindre le garçon à la pelle pour aller marcher à ses côtés. Elle souriait comme si de rien n’était, et personne n’aurait pu soupçonner en cet instant les pensées qui l’avaient habitée quelques secondes plus tôt. Du moins, cela aurait pu être le cas si elle n’avait pas subitement posé cette question étrange...

« Hé, onii-chan... les gens que tu as enterrés, ils sont où maintenant ? »

Elle continuait de marcher tout en regardant le garçon avec des yeux innocents, attendant qu’il lui donne sa réponse. Il n’y avait aucune malice dans sa voix, simplement la curiosité, le désir de savoir. Elle s’était dit que peut-être, il savait quelque chose sur ce qu’était devenue sa famille ? Il n’y avait pas cimetière à Akashiki, mais tous ces morts, ils devaient bien aller quelque part, non ? Si elle le pouvait, elle voulait voir leur tombe. Elle voulait qu’ils aient un endroit où rester, un ancrage sur cette terre. Quelque chose d’intemporel, pas comme ces souvenirs qui se perdent. Evidemment, ces pensées déjà étaient bien trop philosophiques pour la pauvre enfant qu’elle était... mais instinctivement, c’est ce qu’elle cherchait à faire. Et à présent, elle se disait que peut-être, Gio pourrait l’aider à accomplir cette tâche.


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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMer 9 Sep - 16:31

ft. Giovanni Cazzati

ft. Auxallys Kinreii

「 Un dernier orage d'été 」
Nous nous enfonçons dans les méandres du Quartier Rouge. Je ferai ma ronde dans le périmètre pour aujourd'hui. Je suis pas très motivé pour aller plus loin. La fille qui s'appelle Auxallys m'adresse enfin la parole après quelques instants où seul le bruit de mes pas dans la poussière régnait. Où sont les gens que j'ai enterré ? C'est une question bien naïve à laquelle je serai tenté de répondre froidement sans mettre de gants. Néanmoins je ne le fais pas, je ne sais pourquoi. Au lieu de cela je lui désigne du doigt un objet posé en verticale contre le mur d'un immeuble à environ 50 mètres de la sortie du campement. Anticipant une possible question sur le pourquoi du comment je leur dis sur un ton d'une placidité et d'une mollesse si caractérisante de ma personne :

« C'est le brancard dont je me sers pour transporter les morts. J'ai dû mal à m'en servir seul mais je m'y suis accoutumé puisque personne ne m'accompagne jamais lors de mes rondes macabres. Mais puisque vous êtes là, on va pouvoir être plus efficace dans le travail. Prenez le donc, il est un peu encombrant mais pas bien lourd, du moins pour le moment... »

Je crois que je n'ai jamais autant parlé à quelqu'un depuis des mois. Ça me fait bizarre. J'ai envie de poursuivre sur ma lancée avant que ce miracle ne se tarisse aussi inopinément qu'il est advenu, cependant ma voix est toujours aussi latente :

« Les gens que j'ai enterré... où ils sont... »

Finalement je n'en ai pas l'énergie. Le miracle déjà prend fin. Les seuls images qui me viennent en tête lorsque je pense à l'au delà ce sont des verres qui grignotent des lambeaux de cadavres en putréfaction. L'au delà c'est bien beau mais ce n'est qu'une invention des hommes pour se cacher le fait qu'ils ne sont que des morceaux de viandes comme tant d'autres et que quand ils cessent de vivre ils deviennent de l'engrais pour la terre qui produira de quoi manger à d'autres morceaux de viandes vivants qui finiront par être eux aussi de l'engrais et ainsi de suite. Je retiens le flot de mes vérités déprimantes en voyant la prunelle des yeux angéliques de cette fille, Auxallys, ses yeux sont si déconcertants, vraiment. Gêné, j'essaye de me faire un peu plus autoritaire mais je crois bien que j'ai l'air plus ridicule qu'autre chose :

« Je euh... dépêchez vous ! Il faut qu'on s'y mette avant que la météo ne se dégrade, j'ai l'impression que l'atmosphère est chargé de tension ».

Il est vrai, le ciel se fait obscur et le vent prend timidement mais sûrement en intensité. J'ouvre la route dans les ruelles sans me préoccuper de si elles me suivent ou non. Je n'ai pas l'habitude de me déplacer en groupe avec des assistantes alors pour les formalités d'usage tant pis.

L'odeur de la mort se fait sentir, dans l'air virevoltent des mouches et une tâche rouge derrière une poubelle renversée attire mon attention. Serait-ce mon premier cadavre de la journée ? Non ce n'est qu'un chien. Il a dû se blesser et mourir là, caché, honteux de montrer sa faiblesse et son triste sort à la face du monde. Il est replié sur lui, les plaies situées au niveau de ses côtes sont sanglantes et infectées, des insectes et des larves s'y épanouissent déjà. Le parfum putride est insoutenable. J'enfile mon masque puis sans me retourner de ce spectacle glauque je m'adresse aux deux jeune filles :

« Ne vous approchez pas, ce n'est pas beau à voir. Mettez votre manche devant la bouche et le nez pour vous protéger. Je me charge de ça vite fait. Il n'y a pas que les humains à enterrer ici. »

Je saisis ma pelle et commence à creuser dans la terre meuble d'un terrain en friche limitrophe. Une fois l'emplacement assez large j'enfile mes gants et récupère le chien mort pour l'y placer. Mes gestes sont minutieux et témoignent de mon professionnalisme dans mon métier. Je n'ai aucune raison d'être dégoûté, j'affronte ce genre de choses tout les jours. Le corps du chien inerte disparaît peu à peu sous les mottes de terres que je déverse méticuleusement sur lui. Je prends un morceau de carton qui traînait par terre. Avec un feutre que j'avais dans ma poche j'inscris un épitaphe improvisé sur cette pierre tombale de fortune, ou plutôt carton tombale, puis je la plante sur le petit tas de terre fraîchement retournée.

A Woofie, le plus joyeux des chiens.

Ça ne paie pas de mine mais je tiens à ce que chacun garde une trace sur terre, si ridicule soit elle. Je reste accroupis quelques instants devant la tombe, comme si je me recueillais. Le carton ploie légèrement sous la brise mais tient bon. Je me relève.

« Vous venez les filles ? La ronde ne fait que commencer. »

Je me retourne vers elle avec l'espoir qu'elles ne se soient pas enfuis, comme tant d'autres avant elles...

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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyDim 13 Sep - 19:59

Un dernier orage d'été


« Go away. »



Au lieu de répondre, le jeune homme montra un objet contre le mur, non loin. C’était ce qu’on utilisait pour transporter les blessés après les batailles, la fillette avait déjà vu des gens revenir au camp en portant quelqu’un sur ce genre d’instrument. Elle ne voyait pas trop où il voulait en venir, cependant... il les avait transportés avec ça, les morts ? C’est ce qu’il confirma, mais cela ne répondait pas vraiment à sa question. Si ce n’était que ça... mais en plus, il en profitait pour demander à elle et Runa de porter son brancard à sa place ! Chose qu’elle ne manqua pas de lui faire remarquer :

« Onii-chan, t’as pas intérêt à nous utiliser pour faire ton travail à ta place, hein... »

Elle s’exécuta malgré tout, prenant un bout sur ses épaules tandis que la violine prenait l’autre. La petite Auxallys était une personne tout à fait serviable et adorable, mais elle n’aimait pas trop qu’on lui donne des ordres. Gio pouvait déjà s’estimer heureux qu’elle se contente d’un avertissement pour cette fois... Apparemment, il était encore dans la lune, car n’y fit qu’à peine attention, changeant de sujet aussitôt qu’il revint à lui. Mais il avait raison, le temps était électrique aujourd’hui. Il suffisait de sentir un peu l’air pour savoir qu’un orage n’allait pas tarder à éclater sur la ville. Le petit groupe se mit donc en route pour sa ronde macabre, le fossoyeur en tête, bien que les deux jeunes demoiselles ne fussent toujours pas certaines du rôle qu’elles avaient à y jouer.

Après avoir marché quelques minutes, le garçon s’arrêta à l’entrée d’une ruelle. Auxallys tendit le cou sur le coté pour essayer de voir, et remarqua l’ombre du corps sans vie derrière les poubelles. Il y avait une odeur forte qui lui piquait le nez et la faisait frissonner malgré elle. Ce n’était pas bien compliqué pour elle de comprendre qu’il avait trouvé un mort. Gio enfilé un masque pour se protéger et demande aux filles de rester derrière. Runa elle n’avait pas besoin de ce conseil, les effluves putrides lui donnaient déjà des haut-le-cœur. Elle laissa tomber le brancard et se retourna, essayant de se calmer, tandis que sa partenaire observait le fossoyeur à l’œuvre. Ce n’était qu’un chien, pourtant, il l’enterrait quand même. Est-ce qu’il faisait pareil avec tous ceux qu’il trouvait ? Il creusait leurs tombes là où il les trouvait, puis s’en allait à la recherche du suivant. C’était triste, comme vie. Lorsqu’il eu fini, Auxallys s’agenouilla devant la tombe de fortune et joignit ses mains pour se recueillir quelques secondes. Puisse-t-il trouver le repos... elle était pratiquement sûre qu’il ne s’appelait pas Woofie, mais il devait être heureux quand même. Que quelqu’un pense à lui après sa mort.

A peine les funérailles terminées, il était déjà temps de se remette en route. Runa vint tapoter la tête de la rouquine pour essayer de la réconforter, et celle-ci lui sauta dans les bras en retour. Elle ne comprenait pas toujours à quoi pensait cette fille, si joyeuse la plupart du temps, mais pourtant si mélancolique par moment. Auxallys ne s’en rendait pas vraiment compte, mais elle percevait l’inquiétude de la jeune fille à son égard. Malgré tout, elles étaient encore loin de vraiment se comprendre, toutes les deux.

La marche se poursuivit vers la bordure du quartier, sans plus de cadavres à trouver. Les derniers jours avaient été plutôt calmes, ce n’était pas vraiment étonnant qu’il y ait peu à faire. Le tonnerre commençait à gronder depuis quelques minutes, indiquant l’imminence de l’orage attendu. Il ne pleuvait pas encore, mais ce n’était que question de temps. Soudain, alors qu’ils passaient devant un bloc d’habitations en ruines, quelque chose attira l’attention de la violine à l’intérieur. On aurait dit...

« Auxa... je crois qu’il y a quelqu’un, dedans.
- Nii-chan, vient voir. »

En effet, c’était bien un corps... mais celui là était encore vivant. Adossé contre un des rares piliers entre debout, il gisait là, attendant son heure. On pouvait difficilement juger de son état à cette distance, mais il n’en aurait clairement plus pour longtemps s’il ne recevait pas de soins appropriés. Peut-être qu’il n’était pas mort, mais pour Auxallys, il fallait l’aider. C’était sa mission à elle de recruter de nouveaux membres, après tout. Et puis, elle avait Gio pour l’aider à le ramener au camp, donc ce n’était pas un problème. Cependant, à l’instant où elle posa un pied à l’intérieur du bâtiment, ses sens se mirent en alerte. Un long frisson lui secoua l’échine, laissant une sensation glaciale le long de sa colonne vertébrale. Elle ne saurait l’expliquer mais... cela sentait mauvais. Instinctivement, elle s’agrippa à Runa pour l’empêcher d’avancer plus.

« ... Faut pas y aller. C’est trop dangereux, faut qu’on s’en aille, vite. »

Elle avait murmuré ces mots à voix basse, presque paniquée. Après être certaine que Runa ait compris le message, elle tira la manche de Gio et le regarda avec insistance dans les yeux, comme pour lui prier de lui faire confiance. Son instinct lui disait qu’il ne fallait pas s’approcher, qu’il fallait fuir le plus vite possible. Elle ne pouvait pas l’expliquer, mais il devait la croire. A tout prix.


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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMer 16 Sep - 20:05

ft. Giovanni Cazzati

ft. Auxallys Kinreii

「 Un dernier orage d'été 」
Je regarde avec mélancolie la petite Auxallys entrain de se recueillir devant la tombe du chien. Ça me rappelle les enfants de l'hôpital que j'enterrais avant, ils avaient l'habitude de partir se recueillir sur la tombe de ceux qui n'avaient pas survécu, jusqu'à ce que leur tour à eux viennent aussi. Moi j'observais ce triste spectacle sans pouvoir rien n'y faire. Tellement d'entre eux sont morts, tout ça à cause de mon incompétence. Je n'ai rien pu faire pour les sauver parce que j'étais faible. Mais maintenant je suis fort. Je...je pourrais protéger cette fille si le besoin s'en faisait sentir. Oui je suis fort, je suis fort...je suis fort. Je me répète ça comme un mantra mais plus je le dis et redis et moins il fait d'effets. Non Giovanni tu n'es pas fort, tu es l'expression même de ce qu'est un faible malgré tes airs de loup solitaire et malgré tout ce que tu peux bien te dire. Tiens, je suis sûr que si je me battais avec cette Auxallys elle m'annihilerait. Je ne peux m'empêcher de rire rien que d'y penser, cette fille n'a pas du tout l'air d'un danger. Mais pourtant il y a une certaine part de vérité dans ce que j'ai dit. Jusqu'à présent tout ce que j'ai réussi à accomplir comme exploits au cours de combats n'a été dû qu'à de simple coups de chance. Mais je peux m'améliorer, je peux devenir quelqu'un. En ai je vraiment envie ? Enfin bref, c'est pas vraiment le moment pour m'apitoyer sur mon sort et partir en questions métaphysiques de bas étages. Runa vient réconforter Auxallys et moi je me remets en route. Elles finissent par me rejoindre.

Le vent se fait de plus en plus fort. Ma chevelure débraillée virevolte sans harmonie dans l'air lourd chargé d'humidité. Le ciel fait claquer ses sabots au loin. Le temps entre chaque flash lumineux et le craquellement tonitruant des éclairs se fait de plus en plus court. L'orage approche. Peut-être serait-il bon de penser à rentrer, histoire de se mettre à l'abri avant la tempête. J'allais faire part de ma proposition aux demoiselles qui m'accompagnent mais elles ne sont pas où je m'attendais qu'elles soient, en fait elles ont disparu de mon champ de vision et j'ai l'air un peu con à parler tout seul au milieu de la rue. Je m'aperçois qu'elles sont rentrées dans un bâtiment alors sans trop me poser de question je me mets à les suivre, vite fait par curiosité.

Ah ? Il y a quelqu'un dans ce bâtiment ? Bah c'est très bien j'en suis heureux pour lui mais c'est pas mon problème. Les filles ont l'air inquiètes. Je ne sais si c'est de froid mais Auxallys semble trembler. Alors maintenant faut pas y aller c'est trop dangereux... faut savoir. Quoi qu'il en soit je m'en fous complètement de ce type mais bon, c'est peut-être un Strike Force et la procédure et le code de camaraderie qui régisse notre clan m'oblige à apporter mon aide aux autres membres en difficulté. Il faut au moins que je lui demande d'où est ce qu'il est. J'ignore le murmure paniqué de Auxallys, en revanche il m'est plus dur de rompre ce regard pénétrant qu'elle m'inflige. Elle a vraiment l'air inquiète. Elle attend quoi de moi ? On dirait qu'elle ne veut vraiment pas que j'y aille. Bon après tout, je vais pas me fatiguer pour un type que je connais même pas et si Auxallys est aussi sérieuse tout d'un coup c'est qu'il doit y avoir quelque chose qui ne tourne pas rond. Je cherche pas à en savoir plus. Je soupire :

« Boh, s'il faut pas y aller faut pas y aller. On aura qu'à dire qu'on l'a jamais vu, de toute manière j'ai pas envie de me fatiguer à aider quelqu'un que je connais pas, Strike Force ou non m'en fiche. Ça vous dit on rentre au camp ? »

Le corps se trouve à 50 mètres de distances de nous environ. Il ne semble pas bouger. Pourtant, alors que je m'apprête à repartir, j'entends sa faible voix qui m'interpelle depuis le pilier sur lequel il est adossé dans une position cadavérique.

« Pitié...aidez moi...kofkof...aidez moi... »

Sa voix est très faible, elle est entrecoupée par une toux grasse qui ne présage rien de bon pour ce type. Je prends la parole m'adressant aux filles en ces termes :

« Bon, on va pas le laisser comme ça tout de même. On est pas des monstres. On va voir ce qu'il a. »

Ce n'est pas par gentillesse que je fais ça, c'est simplement que j'ai pas trop envie de laisser un mec entrain d'agoniser derrière moi, déjà que ma conscience est sévèrement touchée je vais pas lui infliger un autre regrets à traîner, un énième poids dans mon âme impur. Alors je me dirige vers lui.

Arrivé à mi-chemin mes pas s'arrêtent nets. Je suis encerclé par une petite dizaine d'adolescents armés de lances de fabrication artisanale. Des ennemis en plein territoire Strike Force, c'est surprenant, décidément nos rangs sont très laxistes en ce qui concerne les rondes. Je garde mon calme et ma nonchalance, je mets les mains dans mes poches, ma pelle contre mon épaule gauche. Le type auparavant adossé au pilier se relève et se dépoussière avant de lever la tête vers moi. Il me fait un grand sourire narquois en me montrant sa belle dentition quelques peu noircis par des caries. Il rigole grassement puis me sort :

« Haha t'es vraiment un chic type toi, t'es tombé dans le panneau comme un bleu ! C'est sympa ça, de vouloir s'occuper des gens blessés mais qui va venir s'occuper de toi maintenant ? Je vais me faire un plaisir de te déplumer, t'as un joli manteau en plus. Allez les gars, empalez moi ce gars là ! »

Je tiens plus fermement ma pelle dans mes mains. Je me mets en position défensif prêt à en découdre. Les sourcils plissés, je suis à l'affût et attentif aux moindres de leurs mouvements. Je repousse leurs premières tentatives pour m'attaquer, cependant leur nombre est bien trop important pour que je puisse correctement parer leurs coups qui visent mes jambes et je suis rapidement mis à genoux. Je réussis à me relever et je me bats avec plus d'ardeur, je prends plusieurs coups mais je tiens bon, je réussis à en mettre deux à terre en frappant avec le tranchant de ma pelle.

Ils étaient à 7 contre moi plus le type qui était adossé au pilier qui reste spectateur du combat. Ils ne sont maintenant plus que 5, ma défense a beau être héroïque je ne m'en sors pas avec tout ces assaillants. Une extrême fatigue m'envahit, je reçois des coups de partout, la douleur est atroce, je n'en pourrais bientôt plus. Je réussis à assommer un des leurs qui croyait en avoir finis avec moi. L'homme du pilier me regarde et me dit :

« Tu te bats bien mais tu n'en peux plus ça se voit ! Haha, au moins tu nous offres un beau spectacle ! »

Un spectacle ridicule oui, je suis là tourner sur moi même pour parer leurs prochaines attaques et les repousser alors qu'ils m'encerclent, j'ai l'air d'un animal faible et acculé par ses prédateurs. Serait-ce la fin ?

Mes 4 assaillants s'apprêtent à me porter le coup de grâce. J'espère que Auxallys et Runa sont partis, je ne voudrais pas qu'elles gardent l'image de ma mort comme souvenir.
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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyMar 29 Sep - 22:47

Un dernier orage d'été


« Vie ou mort »



Onii-chan avait beau dire qu’il n’irait pas, il n’avait pas l’air de la prendre au sérieux pour autant. Il ne sentait vraiment rien ? Ca l’énervait, c’était horriblement frustrant même... pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas la croire ? Baka onii-chan... Elle voulait juste qu’il lui fasse confiance... ce n’était pas si compliqué, si ? Mais au moins, il n’y allait pas. Tant qu’ils quittaient cet endroit, c’était tout ce qui comptait pour la rouquine. Cette atmosphère dérangeante la mettait trop mal à l’aise.

Cependant, au moment où le groupe allait partir, la personne gisant là-bas les interpella. Un nouveau frisson secoua Auxallys. Ce type lui avait fait peur en parlant... quelque chose ne tournait pas rond, ce sentiment de malaise qui l’habitait se faisait de plus en plus persistant chaque seconde. Elle attrapa la main de Runa et recula de quelques pas, sortant du bâtiment en ruines. Il fallait partir, maintenant, tout de suite. Mais Gio avait l’air bizarre. Il se retourna vers les deux filles et dit qu’il voulait l’aider, qu’on ne pouvait pas le laisser comme ça. Quel hypocrite... lui qui prétendait il y a quelques secondes n’en avoir rien à faire de regarder d’autres mourir, c’était ce moment qu’il choisissait pour jouer les âmes charitables. Il ne s’en rendait probablement pas compte, mais ces mots firent l’effet d’un coup dans le cœur à la rouquine. Elle porta une main à sa poitrine douloureuse, le regardant l’avancer lentement vers l’homme.

Quelques secondes s’écoulèrent, silencieuses. Puis, soudainement, quelque chose s’agita dans l’ombre. Non... plusieurs. Une horde de jeunes se dévoile à la lumière, la pointe de leurs lances luit à la lumière filtrant à travers le plafond délabré. L’un deux jette un regard carnassier aux deux jeunes filles avant de se tourner vers le fossoyeur, comme pour leur dire d’attendre patiemment leur tour. Tous encerclent leur compagnon, comme une meute de loups affamés. Puis, celui qui était à terre se relève et se met à rire. Un rire gras, mauvais à vous hérisser le poil.

« Haha t'es vraiment un chic type toi, t'es tombé dans le panneau comme un bleu ! C'est sympa ça, de vouloir s'occuper des gens blessés mais qui va venir s'occuper de toi maintenant ? Je vais me faire un plaisir de te déplumer, t'as un joli manteau en plus. Allez les gars, empalez moi ce gars là ! »

L’affrontement commence au centre du bâtiment. Pelle contre lance, le métal chante sa triste mélodie de souffrance à ses spectateurs épars. Auxallys serait probablement restée si Runa ne l’avait pas tirée derrière le mur pour l’obliger à détourner le regard. Cet affrontement hideux lui était insoutenable. Il fallait partir, maintenant. C’était leur chance. Ils étaient trop nombreux pour y faire quoi que ce soit, de toute façon. Mais elle ne pouvait pas laisser son amie ici... pas la perdre, pas elle, pas maintenant.

« Ru...
Sa voix était pareille à un murmure, si faible que la violine ne saurait dire si elle l’avait rêvé ou réellement entendu. La voir si désemparée, si fragile...
- Tu veux vraiment l’aider, hein... ?
Elle acquiesça, sans un mot. C’est vraiment ce qu’elle voulait... mais la peur la paralysait. Runa ne savait pas vraiment comment, mais elle avait l’impression de comprendre ce qu’elle ressentait. Comme si elle l’avait déjà vécu. Mais une chose était sûre, elle ne voulait pas lui faire subir cette douleur. Animée par cette détermination nouvelle, elle lui prit doucement la main l’enserra doucement au creux des siennes. Pour la rassurer. Lui montrer qu’elle était là, et qu’elle ne la laisserait pas tomber.
- On va le faire. On va le sauver. Je te le promets. »

La jeune fille se sentait un peu mal de lui promettre une telle chose, alors qu’elle-même n’était pas certaine du succès de ce qu’elle voulait entreprendre. Mais Auxallys semblait regagner espoir en elle, et cela lui suffisait. Si elles y croyaient ensemble, alors tout pourrait arriver. Fortes de leur détermination, les deux jeunes filles se mirent à chercher un angle pour leur attaque. Le bâtiment était dans un piteux état, il était facile de s’y faufiler, et le combat monopolisait déjà l’attention de leurs cibles. Tapie dans l’ombre, la rouquine serrait sa dague contre son cœur, comme un charme porte-bonheur. Elle semblait étrangement calme, d’une sérénité presque surnaturelle.

Elles étaient tout près, à moins de trois mètres. Un bruit sourd résonna, et un autre des combattants s’effondra au sol, inconscient. Gio se défendait bien, mais il était déjà trop blessé pour se défendre convenablement, et les derniers encore debout se montraient prudents après avoir vu leurs camarades tomber. Seul celui qui se prétendait leur chef restait spectateur, profitant du spectacle en ricanant. Ce genre de personnes... Auxallys les avait en horreur. Elle s’occuperait de lui aussi, mais d’abord...

D’un commun accord, le signal fut donné. La rouquine sorti de sa cachette et se rua sur sa première cible, frappant sur son flanc avant même qu’elle n’eut le temps de réaliser ce qui était en train de se passer. La lame pénétra la peau comme du beurre et ressorti en une trainée de sang, laissant sa victime tomber à genoux, comme foudroyée par la mort elle-même, alors que l’éclair rouge se lançait déjà sur sa seconde cible. Celle-ci n’eut que le temps de brandir sa lance d’un geste latéral, mais hélas bien trop imprécis ; la rouquine passa sous la trajectoire de l’arme et frappa un estoc direct au cœur. Le jeune homme lâcha son arme, avant de se laisser mollement tomber au sol à son tour.

« Kuso... vous êtes pas humains... d-des… démons... *kof*
- Tu vas payer ça ! Crève, sal– »

Mais il n’eut pas le temps de finir, car un objet contondant vient littéralement lui déboiter la mâchoire, l’envoyant valser à terre avec une telle force que ses cervicales devaient avoir pris le tarif. Derrière lui, Runa se tenait, haletante, une lance tenue à l’envers entre les mains. Le manche qui avait servit à frapper avait plié sous la violence du coup. En l’espace de quelques secondes, tous les adversaires restant étaient tombés, ne laissant plus que le chef et le dernier rescapé dont le visage était maintenant déformé par la terreur.

« Pitié, putain non ! Laissez-moi, me tuez pas, non... gémissait le dernier, cédant déjà à la peur panique de la mort. Au fond, peut-être était-ce lui le plus humain encore debout dans cette pièce.

Mais soudain, alors que la tension des combats semblait enfin retomber, le rire gras de celui par tout avait commencé brisé cette illusion en morceaux. Il avait sortit son atout... un Beretta, braqué sur le front de la rouquine.

- C’est mignon de venir sauver ton copain, mais tu vas te tenir tranquille maintenant, ou je te fais sauter la cervelle.
Il marqua une pause, révélant une rangée de dents noircies par le tabac dans un sourire lubrique.
- T’es plutôt mignonne en fait toi. Je vais peut-être te pardonner. Mais comme tu as été une vilaine fille, je vais devoir te punir avant... »

Auxallys restait stoïque, sans la moindre réaction face aux paroles répugnantes du garçon. Elle tenait toujours son arme, mais n’esquissait plus aucun geste. Elle n’osait pas agir. Un mètre de distance les séparait environs, pourtant, c’était comme si elle sentait l’acier froid du canon contre son front. Le simplement fait d’imaginer cette sensation la tétanisait. Une arme à feu, c’était bien la pire chose qu’il pouvait avoir. Elle en avait peur, ça la terrifiait. C’était à cause de ce genre de d’instrument horrible que sa famille était morte. Elle ne voulait plus en voir, plus jamais. Fuir... loin, le plus loin possible. Mais elle ne pouvait pas. Elle était même incapable d’esquisser le moindre geste. Mais Runa avait promis. Elle avait promis de sauver Gio, ensemble. Ensemble... Ru... tasukete, onegai...


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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyDim 4 Oct - 18:06

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「 Un dernier orage d'été 」
Je vois trouble, des gouttes de mon sang clapotent sourdement en tombant au sol, ma respiration est irrégulière et je peine à rester debout. Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, tout est si rapide, alors que tout semble perdu pour moi une tâche rouge sort du néant et foudroie l'adversaire comme un rapace. Les assaillants tombent à terre avec violence et giclée de sang, il n'en reste bientôt plus un capable de se battre ou même simplement vivant, ils sont morts, vraiment mort. Lorsque je me bats je me contente de neutraliser, pas de tuer, d'ailleurs les autres adversaires dont j'ai pu me défaire seul gisent encore tout près et respirent toujours seulement ils sont salement amochés et inconscient. Mais cette tâche rouge qui sort de nulle part les a clairement tué, tous les 3, elle a fait de ces jeunes arrogants des bouts de viandes mortes qui s'affalent ridiculement dans un cri suppliant pitoyable. C'est flasque, c'est mou et c'est mort. Je suis terrifié, cette terreur s'accentue lorsque je constate qu'il s'agit de la fille aux cheveux rouge que je viens à peine de rencontrer : Auxallys. Ce...ce...cette gamine les a tous buté ? C'est un cauchemar, un cauchemar qui n'en finit pas...

Alors que la situation semblait se stabiliser et revenir au calme, l'homme à l'origine de cette embuscade sort de l'ombre et menace Auxallys avec un flingue. Il la pointe avec un sourire mesquin d'arrogance comme si le simple fait d'avoir une arme à feu le rendait maître du monde. Ses paroles sont aussi dégoûtantes que son physique de pachyderme mal dégrossi. J'ai envie de lui fermer son clapet en le frappant à mort mais je suis impuissant pour le moment. Il faudrait que je puisse reprendre mes esprits en me dissimulant dans un coin puis au moment opportun je sortirai de ma cachette et lui éclaterait son immonde face. Malheureusement c'est un plan quelque peu naïf car à peine prétendis je me glisser furtivement derrière une colonne que l'homme m'interrompt en tirant un coup de feu à quelques centimètres de mon pied droit.

« Bah alors où est ce que tu crois aller comme ça toi ? Vous êtes trop mignons tout les deux ! Vous agissez comme si vous aviez la moindre chance de vous en sortir ! Pathétique mais comique. Vraiment je m'éclate avec vous. Je vais m'amuser encore un peu avant de vous tuer. Tiens toi, puisque tu as une pelle, tu vas pouvoir creuser ta propre tombe ainsi que la sienne ! Ah ah, ça me rappelle un bon film tout ça... (à ce moment là il prend une voix grave et monocorde qui tranche avec sa voix auparavant fluette) Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. Ahah »

Sur ce il nous emmène moi et Auxallys plus avant dans le bâtiment dans une cour intérieure livrée à l'assaut de mère nature. L'orage est tout proche et déjà des cordes commencent à tomber. Ce n'est que quelques gouttes d'abord puis c'est une véritable trombe qui nous martèle, si bien que la terre s'est déjà transformée en boue dans laquelle nos pieds s'empêtrent. Des éclairs surpuissants tombent tout autour de nous et il est impossible de comprendre ce que dit l'homme qui paraît paniquer face à la mesure que prennent les choses. Nous sommes plongés dans l'obscurité, seul le tonnerre vient encore à fournir une brève source lumineuse parcimonieuse. L'orage est arrivé, et pas en faisant semblant, non il met le paquet ! C'est un avantage pour nous, l'homme est confus et je pourrais en profiter pour l'attaquer seulement il tient fermement Auxallys en otage et je ne peux oser prendre de risques. Alors je me contente de me résigner à ses ordres. Je creuse dans la boue tandis que l'apocalypse semble s'abattre tout autour de nous dans un déluge d'eaux et de zébrures écarlates.

Je peine à rester debout, la bataille de tout à l'heure m'a déjà suffisamment éprouvé mais vient s'ajouter à cela l'effort de creuser puis cette pluie battante qui me déchire l'échine... je n'en peux plus. Je vois de moins en moins bien, je suis sur le point de perdre connaissance. Je suis loin de pouvoir concrétiser mes plans de surprendre l'homme et de lui arracher son arme pour retourner la situation à notre avantage, j'en suis bien loin. Je tombe à genoux dans la boue, je suis exténué, la tombe est à peine entamée et l'homme n'est pas satisfait, il hurle mais je n'entends rien, les gouttes de pluie dansent et tourbillonnent autour de moi, je vois Auxallys qui se débat aux prises de l'homme, peut-être a t-elle réussi à se défaire ? Je ne sais pas. Elle risque de mourir et ce sera de ma faute. Cet enfer, tout cet enfer, c'est de ma faute, je suis impardonnable, je suis pire qu'une bête. Mais les bêtes ont le droit de vivre... non ? Le tonnerre est proche, peut être à quelques centaines de mètres, il tonne dans un tremblement infernal, la boue se gondole sous la pression de la pluie et les répercussions du tonnerre y sont absorbées.

Les lumières se réverbèrent dans chaque particules de gouttes de pluie, des lumières incandescentes, elles s'inscrivent dans mon crâne comme autant de lanternes s'alignant sur les rives d'un chemin céleste. Elles dansent et dansent et je danse avec elles, l'homme est déconcerté et hurle en brandissant son flingue dans ma direction. Le spectacle d'un homme littéralement au bord du gouffre mais qui redresse l'échine au dernier moment, alors que tout semble perdu, a de quoi déconcerter. Dans mon hallucination les lumières tournent en indiquant une direction, elles me donnent la force de me lever et de l'atteindre, c'est l'homme. Il ne se laisse pas démonter et tire. Avant que le néant ne m'envahisse, je puise dans mes dernières ressources la force nécessaire pour lui percuter la tempe violemment avec ma pelle. Nous nous effondrons simultanément dans la boue où nos corps s'enfoncent déjà. L'homme sans connaissance se noie dans une flaque d'eau, sa vie se termine ici.

Quant à moi ? Moi je ne sais pas. Le néant m'entoure mais je sens encore la chaleur des lanternes qui m'accompagnent. Non ceci n'est pas ma fin. J'en ai la certitude, je survivrai. Quand je rouvrirai les yeux, ce sera avec hargne, comme pour dire au monde : quoi ? C'est tout ce dont tu es capable ? Tu m'as pris ma mère, ma sœur, a fait de moi le type le plus paumé et le plus seul, tu m'as ôté mon père juste avant que je le rencontre enfin, tu m'as abandonné dans une ville étrangère livrée à moi même, tu m'as frappé à mort, tu m'as fait traîner dans la boue et tu m'as tiré dessus ? C'est tout ? Bah ça suffit pas mon vieux. Je suis toujours là, toujours là, toujours.

Je sais que je suis pire qu'une bête, mais j'ai le droit de vivre... non ?
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Date de naissance : 13/06/1995
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Rôle: Assassin
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Auxallys Kinreii
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MessageSujet: Re: Un dernier orage d'été   Un dernier orage d'été EmptyJeu 22 Oct - 15:33

Un dernier orage d'été


« End of the storm »



C'est froid, c'est humide. Auxallys leva un regard vide vers le ciel sombre, curieuse de cette sensation qui courrait le long de sa chevelure de feu jusqu'à ses joues, avant de se perdre dans le col de son manteau. Le ciel… il pleurait. Les dieux étaient tristes de voir cette horrible personne s'en prendre à eux. Chaque goutte qui tombait était comme une larme versée pour eux, chaque éclair déchirant le ciel pareil à un cri de douleur.

Alors, c'était ainsi ? Elle allait devoir mourir ici, dans cette terre humide où se mélangeait le sang de ceux qu'elle avait tués et les larmes de ceux qui l'avaient aimée ? Non, non, elle ne pouvait pas l'accepter. Elle ne voulait pas mourir… pas maintenant. Pas devant Ru'. Elle était la première personne qui avait voulu la suivre, même en sachant qui elle était vraiment.

Mais elle ne pouvait rien faire. Elle était faible, impuissante à cause de cette peur qui la bloquait. Elle pouvait sentir le canon glacé se promener le long de son visage, alors que l'homme la maintenait fermement contre lui. Elle n'avait plus la force de se défaire de son étreinte, encore moins celle de fuir après cela. Un outil capable de donner la mort d'un seul doigt… comment une telle chose pouvait-elle exister. C'était stupide, absurde, irréaliste. Il n'y avait pas moyen qu'elle puisse se battre contre cela.

« Ha… quel temps de chien. Il essuya son front du dos de son poing tenant l'arme, ses cheveux détrempés troublant sa vue sur celui qui creusait plus loin, avant de gueuler à son attention : Allez, on rêvasse moins et on creuse plus ! Tu voudrais pas que ta ptite copine ait à t'enterrer à ta place, hein ? »

Auxallys ne l'écoutait déjà plus, le son de sa voix devenu indiscernable du clapotement mélancolique du déluge mêlé à la complainte du tonnerre. Mais soudain, un autre bruit lui parvint. Quelqu'un approchait, derrière eux. Ses pas légers s'embourbaient dans la boue noirâtre dans une sonorité écœurante. L'homme aussi l'avait entendu. Il se tourna vers cette personne, forçant la rouquine à suivre son mouvement contre son gré. Cette personne… Runa. Les yeux de la fillette s'illuminèrent d'une étincelle d'espoir un instant, avant de s'éteindre à nouveau.

… C'était suffisant. Elle avait voulu la sauver, elle ne l'avait pas abandonnée. Ce simple fait lui mettait du baume au coeur, et malgré la situation où elle se trouvait, lui arracha un sourire. Ru' était timide et fragile, mais elle était forte. Même si elle ne parvenait pas à sauver tout le monde, cela lui suffisait.

« Lachez la. Quelle que soit l'issue de ce combat, vous mourrez ici. »

La jeune fille menaça son opposant de sa lance, un regard meurtrier et perçant planté dans ses yeux. Sa voix était calme et froide, sa posture stable et assurée. Cependant, l'homme ne semblait pas vouloir la prendre au sérieux une seconde.

« Hahaha ! C'est la meilleure de la journée. Mais tu oublies quelque chose, petite, déclara l'homme en tapotant sèchement le crâne de la rouquine avec le canon de son pistolet, un sourire vicelard tranchant son visage.
- … Tu es déjà mort. »

Soudain, un éclair aveuglant oblitéra le ciel, plongeant la cour dans une intense lumière l'espace d'une fraction de seconde. Mais c'était déjà trop ; d'un geste nonchalant, la violine lança un objet en direction de l'homme. N'ayant que le temps de prononcer un juron étouffé, il pointa son arme et tira, vidant son chargeur sur la jeune fille. Les détonations s’enchaînèrent à un rythme effréné, suivies d'un bruit flasque au pieds du groupe. Paniqué, l'homme commença à fuir, mais il était incapable de bouger, la boue l'empêtrait jusqu'à la cheville et il ne pouvait lâcher son otage… et c'est alors qu'il la vit : l'ombre de la mort. Avant qu'il ne puisse réagir, la masse sombre était déjà sur lui, brandissant son immense faux. Il brandit son arme, tira toutes les balles qu'il avait. Une seule… c'était tout ce qu'il lui restait. Malheureusement, l'ombre ne tomba pas. Personne ne peut tuer la mort elle-même, après tout. Pour lui, c'était la fin. Il y eu un bruit sourd, un craquement d'os. Les deux corps s’effondrèrent à l'unisson dans un cri de terreur et d'agonie. Puis plus rien. Seul persistait encore le concert des larmes du ciel et la colère de l'orage…

Quelques secondes s'écoulèrent, silencieuses, mortes. Puis, des corps inertes se dégagea une forme humaine. Que s'était-il passé ? Elle ne saurait le dire. Tout s'était passé si vite. En se relevant, elle reconnu la pelle de Gio gisant aux côtés des deux corps. C'était lui qui l'avait tué… shinigami, un dieu de la mort. C'était donc cela ?… baka Gio.

Au prix de beaucoup d'efforts, elle tira le corps inconscient du fossoyeur à l'abri, avec l'aide de Runa. Tous trois étaient couverts de boue jusqu'au visage, mais ils étaient en vie. La violine avait eu le réflexe salvateur de se jeter à terre avant d'être touchée à par les tirs. Une fois à l'abri, Auxallys se jeta dans les bras de son amie. Une fois de retour au camp, elles pourraient prendre un bain chaud et se réchauffer près d'un feu, buvant un chocolat chaud et mangeant de la brioche. Il fallait au moins ça, pour récupérer de cette horrible expérience. Mais avant cela...


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Un dernier orage d'été

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