| Ce que vous avez fait avant la disparition des adultes : L’histoire qui va suivre, est une histoire d’amour à sens unique ! C’est ni tout blanc, ni tout noir, mais ça reste cruel et appréciable.
Avant d’arriver au Japon pour ses 15 ans, Aoi habitait en France, avec sa mère. En effet, celle-ci étant métisse et divorcée de son père japonais, le jeune homme vivait chez elle, pour un an du moins, dans la banlieue de Paris. Ce n’était ni trop calme, ni trop agité, pas comme la capitale elle-même, mais le garçon ne s’y plaisait pas. Depuis aussi longtemps qu’il se souvenait, il avait vécu en France, avec sa mère. De rares fois, son papa lui rendait visite pour lui donner des souvenirs concrets de lui, sans pour autant lui faire voir le beau pays qu’était le Japon. Aoi signifie le bleu, et Sora le ciel. Aoi Sora est donc littéralement traduit par ‘ciel bleu’. Un blond aux yeux bleus avec un prénom japonais, en France, ça ne passait pas forcément, bien sûr… Mais Aoi s’en fichait, il vivait bien d’avoir en lui une trace du pays qu’il rêvait de visiter et d’habiter.
Enfin, après une violente dispute avec sa mère, Aoi contacta son père par mail comme pour un ‘appel à l’aide’. Ainsi, sa mère confia la garde du jeune garçon à son géniteur, bien heureux de l’avoir enfin sous son toit. Aoi était vraiment heureux de pouvoir enfin poser pied sur les terres de son pays rêvé, le Japon. Les premiers jours furent comme un rêve. Fraichement débarqué pendant les vacances d’été, notre jeune homme eut le temps de se détendre, de découvrir les joies du pays, de la culture et du style de vie comme du style vestimentaire. D’ailleurs, son air féminin et enjoué lui coutait de nombreuses erreurs quant à son sexe. Mais, il n’en avait pas grand-chose à faire. Il adopta un style vestimentaire très coloré et spécial, qui correspondait bien à sa personnalité dérangée.
Enfin, la rentrée arriva. Evidemment, notre Aoi savait bien parler le japonais, ayant suivi un apprentissage durant sa jeunesse en France (Via le CNED, swag level over 9000). Heureux à l’idée de faire de nouvelles connaissances, c’est enjoué que le jeune homme alla au lycée du quartier, pour la première fois qu’il portait un uniforme, cela lui parut original, d’autant plus qu’il l’avait customisé à sa façon. Quand il fut temps de découvrir sa classe, Aoi était un tantinet nerveux, mais rien de bien grave. L’excitation avait pris part de lui, il avait hâte de découvrir ses camarades. Alors qu’il attendait dans le couloir que le professeur l’appelle, il tripotait ses pouces, anxieux.
« Sora ! Tu peux entrer, dépêche-toi. - Ouep, j’arrive ! »
Entrant alors dans la classe, décidé, il dut se présenter à tout ce beau monde. Des chuchotements s’élevaient parmi le silence, avant son entrée. Apparemment, le fait qu’Aoi soit métisse malgré son nom était impressionnant et inattendu. Bien sûr, cela parait évident. Le professeur invita le jeune homme à aller s’asseoir à côté d’une fille, Hinata Konoe. Mais en la voyant, le jeune homme crut quitter le monde réel pour s’installer dans une douce rêverie. Les longs cils battants de la fille accéléraient les battements de son petit cœur fragile, ses cheveux noirs et soyeux à première vue, ses petits yeux marrons chaleureux… Il tomba immédiatement amoureux d’elle, dès qu’il la vit. Cependant, elle allait lui mener la vie dure. Dès qu’il s’assit à ses côtés, tout rouge, notre grand romantique bégaya une présentation rapide de sa personne, à laquelle la fille ne répondit que par un regard hautain. Une belle enveloppe, mais une personnalité forte, supposa Aoi, mais il n’allait pas abandonner pour autant !
Tous les jours, pour résumer rapidement, Aoi était là, enjoué, heureux aux côtés d’Hinata. Le matin, lui disant bonjour d’une voix chantante, se plaignant avec humour de ses notes jusqu’à la faire rire, mangeant son bentô à ses côtés le midi pour passer le temps, et la raccompagner le soir… Il effectua toutes ces tâches un mois durant, et Hinata et Aoi finirent par devenir très proches. Cependant, il s’appliqua ici la loi de… LA FRIENDZONE. Le jeune homme avait fini ‘frère’, ‘meilleur ami’ de sa dulcinée, ce qui le rendait fou. Ce qu’il avait envie d’être plus ! Et pourtant, c’était visiblement impossible. Pour que cela se risque à changer, il fallait qu’il lui avoue ses sentiments. Un soir, alors qu’ils rentraient tous les deux du lycée, Aoi se gratta timidement la joue et se prépara psychologiquement.
« Ano… Hinata-chin ? - Oui ? Tu as oublié le DVD que je t’ai prêté, c’est ça… ? - Non, pas vraiment, en fait… »
Le jeune homme rougit subitement en la regardant. Son air interrogateur la rendait si mignonne, qu’il ne savait plus où se mettre. Prenant une grande inspiration, la regardant dans le fond des yeux, il avoua enfin, d’une voix tremblante…
« Je t’ai aimé dès le premier jour. »
Un grand silence régna. Le visage d’Hinata ne bougea pas d’un iota. L’absence de bruits était pesante, les battements lourds du cœur d’Aoi pouvaient quasiment s’entendre… Mais, quelque chose brisa le silence. Un éclat de rire. Puis un autre. Hinata se moquait de lui. Se tenant les côtes, la jeune fille semblait ne pas le prendre du tout au sérieux. Elle riait, riait, était au bord des larmes de rires, alors qu’Aoi, cela était plus des larmes de honte et de dégout. Le jeune homme écarquilla les yeux. Il avait envie de se cacher et de ne plus jamais ressortir. Mort de honte, il décida de retenir ses larmes et de s’enfuir, lâchement certes. Hinata ne lui laissa ni texto, ni mail, ni rien. Le lendemain, elle l’ignorait. Vraiment, il se demandait ce qui clochait chez lui. Son style étrange ? Son visage et ses traits féminins ? Ses barrettes, dans ses cheveux ? Son caractère enjoué et farceur ? Il n’avait rien de bien détestable, dans son caractère, et pourtant, ça déplaisait.
Au fil des mois, Hinata ne parlait plus du tout à son ‘frère de cœur’. Aoi se rendit alors compte de l’hypocrisie des femmes, comme du genre humain, de la faculté des autres à manipuler les sentiments des uns, sans remords… Depuis cet épisode, inconsciemment, le jeune homme développa une misogynie aigue, se méfiant de n’importe quelle femme, s’en protégeant bien trop. Oh remarquez, ce n’est pas comme si il les détestait ! Il en a juste peur comme de la peste, désormais. Son esprit combatif et enthousiaste lui valut la place de délégué au sein de la classe, puisqu’il était organisé, juste et solidaire, même auprès de ses ennemis. Quelqu’un de bien, en somme. Son rêve, même s’il fut idiot, était d’être son propre patron, d’être le président, de faire régner l’ordre et l’amitié dans ce monde bien trop mesquin et cachotier. Mais y parviendra-t-il un jour ? Peut-être.
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