Ce que vous avez fait avant la disparition des adultes :

Qu'est-ce qu'on pourrait dire de ce jeune homme ? Mmmh... Déjà, on pourrait le définir en un mot : Solitaire. Oui oui, un solitaire. Non pas parce qu'il en a envie, mais parce que son éducation l'y contraint. Née de parents divorcés, il a toujours vécu avec son père, sa mère ne donnant plus aucune nouvelle depuis la séparation. C'est cruel dites-vous ? Surement, mais Yu n'avait pas le temps de s'en préoccuper, car oui, il est le fils d'un homme à la tête d'une entreprise fleurissante. Ce dernier souhaitant à tout prix avoir son fils comme successeur, il était ainsi strict, ne montrant aucun amour paternel envers lui. Le jeune garçon avait donc toujours vécu dans le travail acharné, étudiant sans prendre de réels moments de pause.

Il étudiait dans une école privée, connue pour avoir de très bons résultats aux examens finaux. Pourtant, même dans ce genre d'établissement, il y aura toujours des têtes brûlées qui ne seront là que pour pourrir la vie des autres. Yu, ne se faisant pas d'amis et restant toujours dans son coin, était une cible de choix pour devenir le bouc émissaire des étudiants vicieux. De temps à autre, il revenait chez lui avec quelques contusions et les vêtements -qui semblaient très coûteux- dans un piteux état. Son père en remettait souvent une couche par-dessus, rappelant qu'il n'avait pas le temps pour ce genre d'enfantillage, qu'il n'avait pas à se mélanger aux autres.

Ainsi donc était la vie du dénommé Yu Tsuboi. Un garçon qui vivait dans un monde qui ne pouvait se mélanger avec celui de l'extérieur. Un monde où il devait se démarquer des autres avec son travail et son apparence. Un monde où il devait vivre sans relation et être la proie des voyous. Un monde où l'avenir et l'argent sont plus importants que tout le reste. Un monde... Où il éprouvait de la haine envers son père et où, au moins une fois, il avait envie de savoir ce que pouvait éprouver les autres de son âge.

Ce que vous avez fait durant le mois suivant la disparition des adultes :

Le fait que son père ne soit pas présent à son réveil ne le choqua pas. En effet, il avait l'habitude que son paternel parte tôt pour le travail ou qu'il s'absente pendant quelques jours pour des affaires. Pour lui, la matinée était tout à fait banale, le laissant ainsi s'habiller de son costume et partir à pied vers l'établissement scolaire qui n'était pas très loin d'où il vivait. C'est seulement en apprenant que tous les autres adultes avaient disparus qu'il commença à se rendre compte de la situation. L'étonnement et une sensation d'angoisse l'avaient pris au début, mais finalement le fait de savoir son père disparu l'avait dans un sens retiré d'un poids du dos.

Pourtant, il avait toujours vécu d'une façon, et n'arrivait pas à sortir de cette habitude. Il avait tout de même envie de voir ce que c'était que de vivre autrement, il voulait enfin comprendre les autres, pouvoir toucher leur monde des doigts. Mais les faits étaient là : ce n'est pas qu'il ne voulait pas, mais plutôt qu'il ne pouvait pas sortir de sa vie. Après tout, avoir été éduqué depuis la tendre enfance dans ce monde de luxure et de solitude, on ne peut tout simplement pas changer du jour au lendemain.

Mais -car il y a toujours un mais- il devait y avoir changement, à un moment ou à un autre. Le jeune garçon se dirigeait un après-midi vers le centre-ville, en espérant ainsi trouver de quoi pouvoir remplir un minimum son réfrigérateur qui ne contenait presque plus rien. Son trajet fût interrompu par deux individus qui n'étaient autres que les garçons qui prenaient plaisir à se défouler sur lui après les cours. Le sourire aux lèvres, l'un deux tenant une batte en bois, Yu ne pouvait se sentir autrement que dans l'insécurité et la peur. Le garçon armé lui demanda ce que cela faisant de ne plus être protégé par un homme de pouvoir et que l'argent n'était plus roi. A cela, le jeune homme ne répondit pas, faisant quelques pas en arrière avant de prendre les jambes à son cou. Il n'était en effet plus sous aucune protection, il se sentait nu comme un ver, ils avaient raison... Il fût vite rattrapé par ses assaillants, avant d'être mit à terre. Les coups de poing et de pied pleuvaient, mais c'était la vue de la batte qui s'élevait vers le ciel qui fit paniquer l'adolescent. Est-ce que c'était sur le coup de l'adrénaline ou une force dont il n'avait pas conscience ? Il n'en savait rien, tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait réussi à repousser le porteur de l'arme avant que le coup ne soit mit, récupérant ainsi l'arme contondante.

Le tenant en main, Yu Tsuboi ne se fît pas prier et fonça avec un cri vers ses adversaires, frappant dans tous les sens et de toutes ses forces dans le corps des jeunes étudiants qui essayaient de se défendre sans succès, laissant entendre craquements et cris de douleur. Ce qu'il se passa ensuite était flou pour lui... Il reprit réellement ses esprits, la batte en main, du sang s'écoulant tout le long et deux corps gisants à terre, ne donnant pas signe de vie. Il tremblait, il avait chaud, il avait les larmes aux yeux et les dents serrées. Pourtant, un sourire s'était légèrement affiché sur son visage. Malgré la réaction de son corps, il réalisa qu'il avait pris du plaisir... Du plaisir ? Oui oui, le plaisir de se sentir supérieur aux autres. Le fait d'avoir pu prouver à ses tortionnaires qu'il était capable de les mettre à terre lui aussi. C'était si facile après tout. Il pouvait ainsi comprendre le plaisir qu'ils avaient à le harceler. Il pouvait enfin savoir ce qu'ils ressentaient. C'était donc ça le fait de briser les règles ? Et il était vrai qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même depuis qu'il n'avait plus le pouvoir financier de son père... L'idée lui traversa rapidement l'esprit. Pourquoi avoir juste l'excitation du sang quand on peut aussi se permettre de vivre dans la luxure ? Après tout... Les cadavres n'ont plus besoin des objets qu'ils avaient en leur possession, n'est-ce pas ? Son regard changea du tout au tout, d'un regard fuyant les autres, il était passé par un regard de désespoir, pour finalement rester établit dans un regard montrant le monstre qu'il allait devenir.

Son avenir était pourtant établit, il pouvait devenir un grand homme, succédant avec succès à son père, vivant dans l'argent. Et pourtant, ce simple événement le fit sombrer dans un nouveau monde, là où il avait à ce salir les mains. Il voulait être au-dessus des autres, ressentir de nouveau ce sentiment d'excitation, faire couler le sang de ceux qui osaient le regarder comme un simple être... Après tout, il en avait maintenant la possibilité, il n'y avait plus de loi, plus de règle dans ce monde. Il avait l'impression de vivre comme tous ceux autour de lui, mais ce n'était pas assez... Et comment mieux se sentir à l'aise qu'en alliant violence et fortune ? Finalement, il ne pouvait pas se voiler la face. Il était devenu comme son père, un homme voulant le pouvoir et l'argent... Pourtant, c'était avec plaisir qu'il se faisait un nom. Sans même s'en rendre compte, il blessait, extorquait, tuait, volait comme si c'était un simple hobby, regroupant peu à peu un groupe autour de lui. Il avait ainsi rejoint un groupe qui lui ressemblait bien du nom de Crazy 2K14, un endroit où il pouvait se permettre de vivre avec son péché.

De sa nouvelle vie, le jeune Tsuboi était devenu un autre homme. Oui, il avait avec lui un groupe de personnes... Lui qui était pourtant seul. Et puis dans un sens, qu'est-ce qu'il fallait attendre de la part d'un homme qui était destiné à devenir le patron d'une grande boite ? La chef actuelle de la Branche Nightmare des Crazy lui donna une place à ses côtés, leurs idées et mentalités s'accordaient comme il le fallait. Il avait des gens qui décidèrent de le suivre, lui qui faisait régner la loi du sang là où il passait. Pourquoi le suivre ? La réponse était simple, tout humain doit pouvoir se raccrocher à quelque chose et encore plus dans les temps de chaos. Et puis, il ne faut pas se le cacher, sa tenue classe donnait une impression de grandeur, sa confiance en lui ayant prit place, il avait une démarche donnant l'impression qu'il n'avait peur de rien, son regard perçant et son sourire de défi ne faisait qu'aider encore plus à cette image. Et cet homme classe était pourtant un monstre, ne montrant pas de forme de pitié, voulant tout ce qui était possible d'avoir... C'était presque à ce demander s'il n'essayait pas de risquer sa vie et celle des autres délibérément, comme s'il voulait voir réellement jusqu'où il pourrait être capable d'aller. Cette attitude à peut-être rameuté du monde autour de lui, mais elle lui a aussi forgé de nombreux ennemis souhaitant voir sa tête tomber. Après tout... Il ne faut pas oublier d'au fond, ce n'est qu'un être humain comme un autre, qui vivait il y a à peine un mois dans la solitude et le confort.