Et voilà l'hiver sous sa forme blanche. Une couleur aussi suave que les nuages en été. Dommage qu'il faisait si froid en ce jour.
Ma gorge enroulée dans une écharpe, je déambulais dans les rues du quartier résidentiel. Les bruits pénibles de gamins, qui se criaient dessus, me faisaient sursauter et le souffle de l'air me glaçait à ce moment précis. J'avais oublié à quel point il pouvait faire aussi froid en cette période.
Ramassant un peu de neige sur le châssis d'une maison, je la regardais maintenant fondre dans le creux de mes mains, devenant par la suite un fond d'eau.

J'avais pris mon repos et je cherchais un logement un peu ailleurs. J'en avais un peu ma claque de faire des livraisons de drogue. Je voulais faire plus attention à moi et trouvais le centre de mes intérêts.
Alors … Je cherchais la maison dans laquelle je vivais avant la disparition des adultes. Je retrouverais peut-être des choses, des souvenirs et je ferais de ce lieu ma planque et bien plus encore. Bien sûr, je n'avais pas remis les pieds depuis des lustres : certaines ruelles ne me rappelaient rien, alors que d'autres … de bons et de mauvais souvenirs – que c'était avec mes parents ou non.

Avec la neige, j'avais du mal à reconnaître les environs. Pourtant, j'étais sûre que c'était la rue de mon quartier.
Je devrais peut-être mieux réfléchir avant de me perdre dans les appartements. Cela m'éviterait de tomber sur des gens louches.

« 104 ! » était le chiffre qui me revenait à l'esprit. Je revoyais cette porte bleue foncée, marquée d'un coup dessus. Oui, c'était moi qui avais donné un bon coup dedans ayant râlé sur mes parents. Que je regrettais énormément ce jour-là ! D'ailleurs, je ne me souvenais plus pourquoi je les avais engueulés et traités de la sorte.
Moi qui étais une fille calme et parfois solitaire. J'avais beaucoup changé !
J'avais pris de la robustesse en laissant au placard la fille timide et peu charismatique. J'avais récupéré du caractère, j'avais un peu oublié la pitié, j'avais pu goûter au sang et à son odeur cruelle …
Même maintenant, je me détestais. Était-ce peut-être la faute de ce monde actuel ?
Au final, je voulais bien que les adultes revenaient. Ma vie d'avant me convenait peut-être mieux que celle du présent. Certains enfants que je voyais et que j'avais pu rencontrer avaient besoin d'un adulte. Ils avaient du mal à s'assumer et à prendre leur vie en main avec une touche de responsabilité. Quand à ceux qui s'en foutaient, ils allaient certainement sombrer dans la folie ou mourir plutôt, que ce soit dans un combat ou dans je ne sais quelle autre chose.

Mes pas s'enchaînaient les uns devant les autres. Ma respiration était faible et en ouvrant la porte comportant le bon, j'avais la forte impression que mon cœur s’arrêtait net. La porte n'était pas verrouillée à ma plus grande surprise.
En regardant bien le hall, il était resté dans l'état dans lequel je l'avais laissé quand je suis partis. Devant une marche, les pantoufles de mes parents soigneusement alignées à côté des miennes.

Mes joues se teintaient lentement d'une couleur fraise, alors que mes yeux se remplissaient lentement d'eau que j’essuyais avec mes manches.

« Reprends-toi Kana' … Laisse ce putain de passé là où il est et garde le présent en main ! Ne te perds pas et prends ton courage à deux mains ! », m'exclamais-je à haute voix pour me consoler.

Je continuais ma « visite » en ses lieux qui m'était si familiers. Mais une présence m'arrêtait. Ils étaient certainement plusieurs à en croire les bruits.
Rapidement, je me munissais de deux couteaux – mes armes classiques – et je pénétrais dans la pièce à jour. Je ne m'étais pas trompée : cinq adolescents fouillaient à la recherche de vivre et de soin – selon leur sac et ce que je pouvais voir.

« ALORS COMME ÇA ON S'INVITE ! QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ CHEZ MOI ! »

Une colère s'emparait de mon esprit et la rage prenait le dessus. Les cinq gamins se foutaient de moi et l'un d'entre eux s'exclamait :

« Tu sais ma grande, c'est la crise ! »

« C'EST PAS UNE RAISON VALABLE ! ALLEZ ! RETOURNE DANS TON BERCEAU ET LAISSE CE QUE TU AS PRIS ICI, AVANT QUE JE NE TE DÉCOUPE EN RONDELLE ! »

« Ne cri plus ! », s'agaçait-il.

Je serrais les points et les dents.

« ALORS EXÉCUTES TOI ! »

Du bruit derrière moi me faisait sursauter. Il y avait encore du monde ou bien ?
Je ne savais pas si c'était la peur, mais qu'étais-je bête d'être émue pour rien.

L'effet qu'il en suivait et l'arrivée d'un jeune homme à capuche et batte en fer à la main. Il faisait à lui seul un énorme vacarme. Le bruit de la batte et son frottement au sol, me laissaient des frissons et lorsqu'il portait enfin un coup dans la tête de celui qui, précédemment, m'avait parlé, un peu de sang avait suivi le mouvement pour s’étalait sur le mur – et quelques gouttes avaient été projetées sur ma joue.
Une seconde fois, il attaquait portant un coup sur un des autres adolescent. Sa tête s'éclatait au sol. Le sang cramoisie venait alors se loger dans la moquette du salon.
Je ne comprenais pas ma peur, laissant le jeune inconnu faire le ménage dans la pièce. Le reste de la troupe s'enfuyait comme des nazes, ayant pris peur de l'auteur des coups. Il avait dû frapper le chef de se petit groupe. À en croire le nombre de celui-ci et les uniformes ringard, c'étaient des Strike Force.

C'était étrange … Était-ce la faute des souvenirs que j'ai moi-même vécus ici ?
Je n'en savais rien, mais j'avais certainement l'air bête. L'incompréhension de cette mystérieuse peur me rongé …
J'écoutais à nouveau le bruit strident de la batte et je regardais le jeune homme qui arrivait maintenant à ma hauteur. Il avait marqué le sol de traces de sang.

Je rangeais mes couteaux très rapidement, pour faire signe que je ne lui ferais pas de mal et que j'étais « prête à sympathiser ».
Il enlevait alors sa capuche, montrant des cheveux aussi argentés que la Lune et des yeux aussi rouge que des rubis. Je le fixais d'un regard sûr. Il s'excusait pour le tumulte qu'il avait causé.

« Ce n'est rien ! Ce lieu avait besoin d'un coup de ballai de toute façon … »

Je détournais mon regard du sien, lui tournant dos pour aller en direction des cadavres. Les garçons étaient bien mort et ils devaient même avoir la nuque éclatée par le choque de la batte en fer.

« … coup de ballai qui devrait être passé maintenant, tu ne crois pas ? »

Je n'avais plus vraiment peur. Je reprenais peu à peu mon esprit et je ramassais l'un des deux corps sans vie en prenant soin de garder le sac qu'il avait sur mon épaule – cela devait être le chef.

« Eh bien ? Tu ne m'aides pas ? », je lui souriais alors qu'il me regardait d'un œil discret.

« À mon avis, il doit y avoir d'autres gens comme eux dans les environs … gnnn … Si tu veux, on pourrait y faire un tour … Tu veux ? », je lâchais le corps à bout de forces.

Mais bien sûr … J'avais oublié de faire ma présentation. Étant donné qu'il ne semblait pas vouloir me faire de mal, je m’exécutais avec sourire.

« Mori Kanade, chef de l'organisation des Green Weed, pour te servir ~♪ », je lui tendais la main.

Une coïncidence de croiser un Nightmare ici ?
Quoi qu'il en était, cela faisait plaisir de rencontrer une personne venant de la même organisation. À vrai dire, je trouvais plus de vagabonds du style No Name, mais voir une personne plus « proche » ravivait mes flemmes intérieur … que disais-je par là ? … Ah oui ! Ma joie !

« Heine Pendragon … Quelle chance de tomber sur toi ~♥ »

Quelques choses à y gagner, m'expliquait-il avec humeur. Oui … Cela dépendait de ce qu'il entendait par là. J'y pensais justement ! Mais quelque chose comme … de la reconnaissance ? Je vais y penser pour la suite. J'avais un peu les idées ailleurs, mais s'il voulait une récompense pour m'avoir aidé à dégager la zone, pourquoi pas.

Il portait alors les deux corps des garçons morts, suite aux graves coups de battes et il les jetait en dehors de l'appartement.
À mon tour, je remettais certaines choses en place comme, des portraits de ma famille et je refermais les meubles ouverts par ces imbéciles. Puis, Heine, le jeune homme, me posait alors une question par curiosité.
Étant au fond un peu la même, même si la question pouvait paraître indiscrète ou non, je me lançais à lui répondre :

« Cette question mérite d'être posée dans un autre sens … Je dirais : À quand remonte la fondation des Green Weed dans l'organisation des Crazy 2K14 ?, car comme tu peux déjà le savoir, je ne suis pas chef par simple hasard … En réalité, je l'ai moi-même fondé parce que je travaillais déjà en temps que dealer à mes heures perdues. »

En voyant le visage de garçon se pliait au sens de mes paroles, j’abrégeais le suite de l'histoire, pour qu'elle n'en soit que plus courte :

« En clair, quelques jours après la disparition des adultes, j'ai créé les Green Weed. Me perdant dans le temps apocalyptique de la ville, je ne sais pas exactement à quand cela remonte … 1 mois, peut-être plus ! »

Un silence étouffant entrait doucement dans l'atmosphère glaçante qui s'était subitement créé. L'hiver et le froid était là. Même si je pouvais savoir les saisons, les jours exactes s'étaient lentement effacés de mon calendrier.

Par la suite, Heine semblait encore en vouloir davantage. La curiosité le perdrait peut-être comme moi. Un jour viendra, peut-être demain ...