Ce que vous avez fait avant la disparition des adultes :
Il fut un jour où tout allait bien. Un jour où la jouvence éternelle de cette demoiselle ne s'était pas échappée, ne laissant derrière que le goût amer de la maturité.

Elle avançait, comme chaque jour. Marchant vers son école, essayant d'y parvenir avant de la sonnerie ne retentissent, indiquant le gong de l'apprentissage et celui d'une liberté emprisonnée. Elle soupira, courant mollement vers les grilles de son établissement. Internat. Dieu qu'elle détestait cet endroit, et qu'elle avait envie de s'en enfuir ! Tout lui était interdit, tout lui était prohibée. Elle ne savait que faire, hormis lire et travailler. C'était une personne qui avait besoin de vivre, de voyager, d'être libre. Et non un simple oiseau enfermé dans une cage de désolation. Elle balança son sac sur son lit, avant de retomber lourdement sur sa chaise. Elle était couverte de boue, et son arc était encore à sa main. Son visage était bercé d'une douce joie, et un rire rythmait sa respiration saccadée. Ses cheveux sentaient la pluie, et des feuilles mortes étaient collés à ses chaussures. Elle avait réussi, oui, retrouver un peu de sa liberté perdue. Deux oiseaux, et une biche. Non que cela la défoulât de tuer des animaux, mais au moins elle pourrait dîner autre chose que du ragoût. Ses parents ne lui envoyant pas d'argent, elle ne pouvait se payer le luxe de s'acheter sa propre nourriture. Qu'importe, elle allait se la fabriquer elle-même. Elle s'étira longuement, et alla prendre une douche.

L'internat était terminé, place au lycée. Son ancien établissement coûtait trop cher, et ils avaient dû faire des sacrifices. Elle fit donc sa scolarité dans un lycée public de banlieue. Elle détestait également cet endroit, les gens se pavanaient et essayaient de se montrer, d'attirer l'attention. Ces filles au visage chargé de maquillage, et ces hommes montrant leurs muscles de façon ostentatoire. Désolant. Elle se fond dans la masse, se noie dans des sweats et se cache sous sa capuche. Un fantôme, une âme errante. Elle n'était rien d'autre qu'une âme errante, une vagabonde, une incomprise. Elle rentra chez elle, en traînant les pieds. Difficile, s'étant prise un rendez-vous pour un énième travail non fait. Le papier froissé dans sa main, elle s'engouffra dans le hall d'entrée de manière légèrement brusque. Elle s'avança vers sa mère, lui tendant le papier. Elle lut les quelques lignes, et la claque partirent immédiatement. Alice tomba à terre, sonnée quant à ce coup quelque peu brusque et violent. Un coup de pied dans les côtes. Elle ne dit rien, essayant de contenir ses larmes. Se relevant avec difficulté, elle monta dans sa chambre immédiatement, sans mot. Elle rassembla ses affaires, et s'échappa par la fenêtre, sans bruit.

Le lendemain, ne restait de ses parents adorés qu'une poussière délabrée.


Ce que vous avez fait durant le mois suivant la disparition des adultes :

Elle a survécu. Oui, c'est une évidence, bien qu'elle eût vécu d'amour et d'eau fraîche pendant plusieurs jours. Essayant plus ou moins de se débrouiller loin de la ville. Le premier jour de l'incident, et dès qu'elle eut appris la nouvelle, elle était déjà aux alentours de la ville, à ses limites. Essayant de trouver l'origine de la disparition, essayant de comprendre le pourquoi du comment. Plus tard, elle désirait devenir archéologue, et c'est à ce moment là qu'elle put pleinement exercer son rêve. Elle commença à chasser les trésors, et à vivre une vie de bohème, et allant là où personne ne voulait aller. Les groupes se formaient, mais elle, elle restait en retrait. Les hiérarchies ne l'intéressaient guère, et elle était trop égoïste pour accepter de partager et de vivre en communauté. Alors, elle vagabonda. Allant de ci et là, essayant de dormir là où elle pouvait, essayant d'amasser de l'argent là où elle pouvait. Oui, une vie de bohème.