La faim … Une sensation désagréable ressentie au niveau de l'estomac. Des gargouillements et des bruits si désagréables.
Benjamin, ce jeune paresseux, en avait littéralement marre de sentir dans son petit ventre, les gargouillis qu'il produisait et pour cause : partir le ventre vide en mission n'est pas une bonne chose. On lui avait pourtant appris que sauté un repas n'était pas bon. Même, il y avait de quoi se retournait la cervelle – pour l'expression. En effet, le fait de ne pas manger, donne de « bons » effets négatifs au corps : mal de tête, anémie …

Justement, Benjamin venait d'attraper un mal de tête incontrôlable. Il avait terminé une tâche pour lui assez fatigante  – qui n'était que de rapporter des documents intacts – et il venait de s'épuiser en courant comme un malade dans les ruelles du Centre-Ville d'Akashiki.
Maintenant, il avait faim et était un peu crevé. C'était dans ces moments-là, il se trouvait totalement con. Il soupirait en traînant les pieds :

« C'est tellement idiot de ma part... Je veux juste manger et rentrer... C'est trop demandé !? »

Du pain, des pattes... N'importe quoi ! Car, si c'était comestible, il serait prêt à sauter dessus comme un bourrin pour le dévorer à pleines dents.
Il remontait le masque qu'il avait sur son visage sur le sommet de sa tête, pour dégager ça vu et il continuait son chemin comme un malheureux.
Dix minutes de routes … Même dix, c'était vraiment crevant – surtout avec les bruits agaçants de son ventre et son mal de tête terrible.
Il fallait qu'il trouve de quoi remplir son estomac. C'était vraiment de trop, tellement gênant … Bref ! Ça allait être ça, ça « seconde mission ».

Comme il était au Centre-Ville, une boutique de nourriture ne devrait pas être si compliquée que ça à trouvée. C'était un lieu pour les touristes à la base. « Des points de nourritures... Ils devraient y en avoir un peu partout ? », se disait-il.
Il reprenait un peu courage, surtout quand lorsque devant lui, une enseigne de boucherie se dressait.

« De la viande ! »

Il se concentrait sur la boutique, il « devenait » la boutique … Enfin, voilà. Après tout, il ne pensait qu'à sa pense.

Il entrait discrètement – il ne savait pas si les lieux étaient visités, alors il se méfiait.
Il ne voulait tomber sur personne et encore moins dans un piège – s'il y en avait un. Donc, c'était avec une incroyable délicatesse qu'il fouillait les nombreuses étales. De là, il voyait que la viande avait pourri. Les morceaux étaient d'un noir totalement dégoûtant et ils dégageaient une odeur nausée à bonde – qui, il faut le dire, lui donnait envie de vomir.

Jusque-là tout aller mal. Mais quand, il ouvrit la porte d'une pièce : il venait de trouver « la caverne d'Ali baba ». Des grandes armoires aux portes transparentes, n'étaient en fait que des frigos, et comme la viande était réfrigérée, elle était encore bonne et consommable.

« Le froid t'as sauvé ma grande ~♥ »

Il entrait dans la pièce, il constatait qu'il faisait plus froid, mais il s'en moquait. À la vue de la viande, il ne pensait plus : Il devenait, carrément, la viande, totalement hypnotisé par celle-ci. Il salivait à l'idée de pouvoir enfin manger.
Quand il prit le premier morceau, il en arrachait un bout à pleines dents. Il mâchait d'une lenteur incroyable, même le sang avait le temps de couler sur son visage et s'étaler sur son T-shirt blanc.
Un délice pour les papilles : saignante, tendre et délicate.
Jamais il n'avait eu aussi faim de sa vie – du moins, dans ses souvenirs.
Quel bien fou cela faisait.

Mais un bruit lui faisait quitter subitement de son « fantasme ». Il semblerait même que quelqu'un soit rentrée dans la boutique. Il prenait avec lui, un gros morceau de steak et il se cachait derrière un comptoirs qui se était dans la pièce. Retenant un peu sa respiration, de peur, il mangeait calmement. Il jetait un regard par-dessus le comptoir, puis en direction de la porte qui s'ouvrait. Une  bonne lumière aveuglante lui fonçait dessus, avant qu'il puisse distinguer un silhouette.
Des formes si délicates et légères : « certainement celle d'une lady ~ » se disait-il.
Mais, cette « Lady » … Était-elle un espion ? Une tueuse ? Un démon ? Et tout ce qui pouvaient y avoir de plus étrange et de dangereux au monde ? N'était-elle pas, celle qui allait être son bourreau ?
Enfin, c'est ce qu'il voyait, mais était-ce vraiment une fille et était-ce bien une « méchante » ?
Il regardait encore, le regard et le museau au-dessus du comptoir, fixant la silhouette en plein « fantasme » dessus – encore une fois.
La porte s'ouvrait doucement...

Elle était jolie la jeune fille qui se présentait devant lui. Les cheveux roses, un regard doux et curieux … Il s'était approché d'elle, la bouche ensanglantée par la viande qu'il avait encore en main. Elle le fixait curieusement. Lui faisait-elle peur ?
Il essayait justement. À première vue, il semblait zombie, car il avait la peau blanche et les yeux un peu vides et cernés par des marques bien noires, sans compter le fait qu'il avait du sang autour de la bouche.
Un mot s'échappait de ses lèvres rosées :

« Sang … »

Elle tournait des paupières, semblait patraque. Quelque chose n'allait pas.
Elle c'était évanoui rapidement. Elle était à terre et ne bougeait plus sur le coup.
Était-ce à cause de Benjamin ? Qu'avait-il fait ?
Apparemment rien, mais elle devait être sensible à la vue du sang – c'était ce qu'il avait pu analyser rapidement.

Il mettait en toute rapidité le morceau de viande entre ses dents, de manière à ne pas abandonner sa proie. Il se déplaçait de la façon – toujours – la plus étrange du monde – le dos bien voûté évidement – et il se dressait au-dessus du corps de la jeune fille. Il s'accroupissait, l'examinait en prenant ses mains, tripotant ses cheveux roses doux et soyeux, puis il restait là.
Il ne pouvait qu'attendre son réveille – surtout s'il voulait l'interroger.
S'ennuyant un peu avec la succulente viande dans la bouche, il finissait par reprendre son « repas ».
Le sang de la viande coulé de plus bel. Il pouvait sucer ses doigts tellement il y en avait dessus – un peu comme les gants des chirurgiens en fait – puis il avait enfin englouti le morceau.

Elle ne se réveillait pas. Elle dormait comme un bébé et elle paraissait jolie aux yeux du jeune brun. Il tentait alors de la réveiller. Elle n'allait pas passer la nuit là, Benjamin n'avait pas cette envie.
Finalement, il s'armait d'une de ses mains pour lui donner quelques petites claques sur le visage. Il hésitait sur certaines, ne voulant pas en donné comme un gros bourrin.
Elle semblait reprendre un peu connaissance – il voyait qu'elle sentait une odeur désagréable à son goût.

« Hey réveille-toi … ! T'vas pas passer la nuit hein ? … », chuchotait-il lentement près la lobe de son oreille.

Elle écoutait et se réveillait doucement. Elle hésitait à ouvrir les yeux puis elle finissait par les ouvrir entièrement.
Quand elle vit le visage de Benjamin, elle prit peur sur le coup et s'éloigna d'un bon. Sur le coup, elle semblait repartir pour dormir, comme si que Benjamin l'avait dégoûté une nouvelle fois.

« Heu... quoi ?!… Non, ne repars pas dans un profond sommeil ! T'sais que c'est flippant ! », prévenait-il.

Il agrippait ses deux mains sur ses épaules et elle criait sec.

« Wow wow ! Calmes-toi trésor … J'vais pas t'bouffer comme la viande de cette boucherie … !!! »

Il essayait de ne pas la brusquer : premièrement, elle ne le connaissait pas et secondement, parce qu'elle n'avait jamais vu quelqu'un  se tenir comme cela – ou bien d'autres choses visibles sur le physique de l'adolescent. Pour elle, c'était un curieux personnage, peut-être même, un cas à part.
Il tentait autre chose pour montrer qu'il n'était pas si dangereux que cela :

« C'est quoi ton nom à toi ? Moi, c'est « L. » ! »

Cela avait du sonner faut à l'oreille de la jeune fille – parce que c'est son pseudonyme – mais ce n'était rien. Il avait tenté le coup.

Elle était fraîche, elle était rose, elle avait de grands yeux, elle était belle !
Benjamin la voyait comme une adorable jeune fille. Mais comment une aussi jolie demoiselle pouvait se perdre dans des endroits pareils ? Peut-être était-elle si naïve ?
Justement, c'était ce petit côté naïf qui la rendait mignonne. Comme une petite chose fragile et délicate : un petit sucre avec une touche de saveur.

« Vous vous appelez El ? »

Elle avait une voix fine et adorable. Même s'il voulait qu'elle prononce son nom en entier – et pas son simple pseudonyme – il ne le dirait pas pour autant. Peut-être que derrière ses airs de poupée, elle était une espionne de camps ennemis et que justement, elle était en mission de reconnaissance. De là, quelqu'un d'aussi naïf qu'elle, pourrait tomber dans le piège.
De plus, elle pouvait jouer la comédie. Peut-être que c'était, après tout, une fille capable de le faire. À ce moment-là, elle jouait très bien son rôle.
Benjamin resterait donc méfiant jusqu'au bout avec elle.
Il la voyait maintenant réfléchir avec un petit air bête – qui, il faut le dire, lui allait si bien et la rendait encore plus adorable.
Il l'avait bien entendu, elle se posait des questions sur son nom. Mais pourquoi le vouvoyait-elle ?
Il pensait alors à son tour, alors que c'était bêtement le symbole d'une politesse. Oui, elle essayait peut-être d'être polie avec lui. Malheureusement, il ne voyait qu'une raison qui était le simple fait qu'elle ne le connaissait pas.

« Je t'autorise a me tutoyer … », chuchotait-il doucement.

Il se relevait doucement, devant le regard rosé de la jeune fille à laquelle, il tendait lentement la main pour l'aider à se relever, elle aussi.
Il frottait ses lèvres avec sa langue. De droite, à gauche puis il insistait sur les coins. Il pouvait encore sentir le goût de la viande. C'était le sang, qui avait séché sur le bout de ses lèvres ; il en souriait, lui aussi, d'une façon aussi bête.

Des bruits résonnaient autour du « binôme ». Des bruits sourds, mais il y avait une présence oppressante qui régnait dans la pièce.

« Chuuuuuut ~ … Ne fait point de bruit … Il y a quelque chose qui arrive … », disait-il d'une voix grave, mais discrète.

La jeune fille semblait paniquer. Ce n'était pas son but...