Ce que vous avez fait avant la disparition des adultes : Ce jour-là, ils pensaient pourtant donner naissance à la plus formidable des filles… Ils songeaient déjà à leurs sorties à la mer, à la montagne, à la campagne, en famille… Seulement, non. Bellum n’était pas l’enfant de rêve que Molly et William Zénobia avaient toujours voulu. Très fervents de latin, et plutôt chaotiques et désordonnés, les deux adultes appelèrent la petite ‘guerre’, traduit de cette langue morte et ancienne. Un prénom peu commun pour une petite peu commune, il est vrai. Physiquement, de sa naissance, puis même plus tard, la croissance de la jeune fille était normale, et ses traits normaux, très normaux. Yeux marrons, cheveux châtains… Taille plus que normale…

Il fallait quelque chose pour briser toute cette banalité. En effet, jamais Bellum n’a parlé. Et son visage était bien trop souvent inexpressif et froid. Molly et William n’en revenaient pas. Ils étaient des gens biens, et s’inquiétaient plus que de raison pour leur fille. Ils n’allèrent tout d’abord pas voir le médecin, laissant à la petite le temps de se décider à parler, mais… Rien. Puis, ce n’était pas le seul problème. Elle était aussi incroyablement solitaire, restait toujours en retrait, dans sa petite chambre, les volets fermés. En fait, elle était digne d’une gamine de film d’horreur. Elle mangeait cependant normalement, à l’ombre, le regard tout de même vivant sur ce visage glacé. Ses prunelles étaient presque trop pétillantes, et créaient un contraste évident avec sa personnalité et son air neutre. Enfin, sa personnalité... Intérieurement, Bellum était une vraie battante, et ce depuis le début. Enthousiaste, très autoritaire... Cette fille est née pour diriger et commander. Seulement, pourquoi accorder aux autres l'honneur d'entendre sa voix ? Elle-même n'avait jamais poussé un cri, jamais haussé la voix... Elle-même ne la connaissait pas !

Sans surprises, ce petit manège finit par inquiéter les parents de la petite, qui, à l'âge de 14 ans, fut emmenée à l'hôpital. Un hôpital banal, tout d'abord. Juste un petit rendez-vous avec un de ces médecins spécialistes, connaissant les enfants "comme leur poche". Bellum fut donc auscultée, puis le jugement tomba. Le médecin annonça aux parents de la petite qu'elle n'avait strictement aucun problème de santé, et que le fait qu'elle soit muette était dû à un problème psychologique. Elle fut donc considérée complètement siphonnée. Les pauvres parents de Bellum étaient si bouleversés par cette nouvelle que la jeune fille prit son courage à deux mains et essaya de parler... Seulement, après avoir seulement sorti un souffle, elle sentit son cœur battre à la chamade. Une immense gêne la prit. Elle ne pouvait juste pas le faire... Ça, c'est le côté immature et égoïste de Bellum. Ce qui la gênait, elle ne pouvait pas le tolérer. Même si c'était pour ses propres parents.

Elle fut donc envoyée en séjour régulier à l'asile du coin, mélangée à d'autres enfants, dont des psychopathes et des comme elle, qui refusait de parler, de se mêler aux autres... D'ailleurs, Bellum avait bel et bien tentée, de se mêlée aux autres, grâce à son asile, qui lui offrait la possibilité d'aller au lycée du coin une ou deux semaines avec surveillance, à partir de ses 15 ans. Seulement, entre temps, Bellum s'était trouvée un hobby assez... Singulier. La création. En effet, il n'était pas rare dans un asile de trouver un petit couteau ou un scalpel... Et quand ça arrivait, la jeune femme s'occupait en créant de petites peluches, sans toucher à du matériel vivant, évidemment... Seulement, le faire avec un scalpel, c'était quelque peu effrayant à voir... Alors la petite Bellum, toute seule, au fond de la classe, avec son scalpel, son fil et ses aiguilles, qui cousait un nounours tout bonnement effrayant, sans parler à personne... Tous les élèves fuyaient les contacts avec elle.

Toujours seule, dans son coin, comme elle le désirait... Il lui arrivait parfois, quand elle trouvait par chance une seringue, d'aller chercher une souris, un moineau, et de tester l'universalité du code de l'ADN... Bon, c'était certes ignoble à voir, mais cela s'avérait divertissant, bien que ça paraisse complètement surréaliste. Des fois, l'organisme des animaux ne supportaient pas le transfert, d'autres fois, Bellum obtenait de magnifiques mutations génétiques !

Toujours seule, dans son coin, comme elle le désirait... La petite Bellum cousait.  

ET
Ce que vous avez fait durant le mois suivant la disparition des adultes :Le jour de la disparition des adultes, Bellum ne voyait pas vraiment le changement. La seule chose qui lui manquait, étaient les visites régulières de ses parents, qui venaient à chaque fois avec une mine légèrement effrayée, en la voyant coudre ses horreurs de peluches... Et encore plus quand les médecins leur annonçaient qu'elle créait des mutations entre animaux. Ce n'est pas cette expression-là qui manquait à Bellum. C'est le premier sourire de ses parents. Pas celui qu'ils faisaient pour l'inciter à parler, oh non. Celui qu'ils lui avaient adressé quand elle avait fait ses premiers pas, par exemple. Enfin, après cette disparition la jeune fille s'enfuit de l'asile, évidemment, pour trouver un groupe, oh dure décision ! Mais avant, bien sûr, elle se fournit un téléphone portable dans une petite boutique que personne n'avait repéré avant. La raison ? Elle voulait communiquer, sans parler. Une solution parfaite en soi. Elle apprit donc l'existence d'un réseau d'information, via son portable. De toute évidence, la grande majorité des groupes ne s'étalait pas sur le net. Or, cette branche avait laissé sa trace sur le net, et la petite Bellum se présenta donc via e-mail à un membre du raison d'information, Haiiro no Kitsune, et a reçu, via cette personne, l'autorisation d'être dans le groupe. Elle reste cependant à distance des autres, du mieux qu'elle peut, s'occupant avec bien plus de matériel, de ses petites créations et jeux génétiques, fournissant des informations quelque peu... Singulières. Son rêve ultime étant de se créer une armée de monstres génétiques (OGM), même si cela reste très enfantin, et irréalisable.